Courant
juin 2009 l’information circule d’une manière relativement
confidentielle: ROSA CRUX devrait donner deux concerts dans une
église de Rouen, les derniers en France pour l’année en cours.
Deux dates successives au cours desquelles sont prévues, comme à
l’accoutumée performances et projections vidéo. La perspective de
voir jouer ROSA CRUX dans un tel lieu est plus que réjouissante,
nous réservons rapidement nos places, limitées à 250 par
représentation; le rendez -vous est donc pris au soir du 3 juillet,
église Ste Croix des Pelletiers.

Située
au cœur de la vieille ville, enserrée entre deux maisons normandes,
l’église en question est datée du XIIIe siècle ; un lieu qui
s’accorde à merveille aux différents aspects de la symbolique
développée par le groupe: entre occultisme et art moyenâgeux.

Une
fois  à l’intérieur, nous prenons place sur des
fauteuils hors d’âge…

Pendant que la nef centrale s’emplit peu à peu, une bande-son
ambiante et minimaliste est diffusée en guise d’introduction; dans
l’entre-temps quelques membres du groupe viennent allumer une à une
les bougies disposées de part et d’autre de la scène.

A
mesure que le début du concert se rapproche, l’intensité sonore
s’accroît progressivement jusqu’à prendre une tournure symphonique
avant de cesser d’un coup… se tient alors , face à nous, une
femme arborant un masque, positionnée derrière un pupitre,
exécutant une chorégraphie calquée sur celle de la « danse de la
terre ». Entrecoupée par le silence et l’immobilité, chaque série de
gestes est accompagnée d’une succession de drones semblant sortis
des profondeurs terrestres.

Quelques
minutes plus tard le chanteur et guitariste Olivier Tarabo fait son
entrée sur scène; tambour à la main pour l’occasion; face à la
batterie acoustique midi,. une joute de percussions s’engage, entre
le musicien et la machine, un martellement synchronisé comme ultimes
prémices avant l’orage.

Rejoint
dans l’instant par les autres membres, ROSA CRUX est à présent au
complet; munie de ses instruments et, accompagnée d’une chorale de
cinq personnes, la formation rouennaise, d’emblée, ne manque pas
d’impressionner; grâce, de surcroit, à la présence visible des
«machines» issues de leur invention.

Le
charme opère dès le titre d’ouverture; accentuée par le cadre et
l’acoustique exceptionnelle de l’endroit, la musique du groupe prend
ici un relief tout particulier :

le
côté épique propre à leurs compositions semble déployer un
caractère magnétique qui s’empare des lieux pour finalement très
vite venir gagner l’auditoire.

Le
dispositif de tambours automates appuyé par un jeu de contrebasse
rond et puissant instaure un socle solide autour duquel s’articule
divers éléments : guitare écorchée, cornemuse, accords de piano
ou véritables carillons d’église, autre dispositif spécialement
créé par le groupe.

Le
chant d’Olivier, doublé par celui de la chorale paraît sorti
d’outre-tombe et les textes en latin, peu usité par la majorité
des groupes, (à l’exception de quelques uns tel que O QUAM TRISTIS),
apporte également une dimension supplémentaire à l’ensemble.

Bien
qu’ inscrite, au sein du genre néo-folk, la musique développée
par ROSA CRUX n’a pas réellement d’équivalent et revêt un
caractère indéfinissable, comme hors du temps. On pense parfois à
GAE BOLG ou SEVEN PINES, au romantisme noir de SOPOR AETERNUS &
THE ENSEMBLE OF SHADOWS, ou aux boucles rituelles de THE MOON LAY
HIDDEN BENEATH A CLOUD.

Durant
près d’une heure et demie, le groupe développe un répertoire issu
de ses derniers albums en date, «In tenebris» et «Noctes insomnes»
; tous les morceaux étant accompagnés d’une projection vidéo en
rapport avec le thème développé ; notamment «Jeux de fer»,
tournée à l’abbaye St Ouen en 1986, ou encore le film «Omnes Qvi
Descendent» réalisé lors de l’éclipse solaire en 1999.

Le
concert touche à son terme mais le final est grandiose: la «danse
de la terre» est interprétée dans une des ailes de l’église.
Soutenue par un titre incantatoire, la performance symbolisant le
retour à la poussière fait figure de point d’orgue.

Un
grand moment, donc, qui ne démentira pas la qualité et le caractère
hors norme des prestations «live» offertes par le groupe. Le
concert sera suivi d’une soirée privée, un mix «gothic» donné
dans l’antre des musiciens… après plus de vingt ans d’existence,
ROSA CRUX semble donc resté égal à lui-même, fidèle à sa
conception d’un art total qui ne tolère aucun compromis.

Catégories : Concerts

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