Groupe : Magazine
Album : No Thyself
Date : 2012-02-06
Label : Wire-Sound
Distributeur :
Format : ltd LP/CD
Durée :
Trente ans après le quatrième et dernier album studio, le retour de Magazine est bien plus qu’anecdotique. Alors que toutes les couleurs de l’after-punk ont été revisitées, relues et citées par les tenants de la « hauntology » contemporaine (ndlr: concept cher à Simon Reynolds, l’auteur du livre référence sur le courant post-punk « Rip it up and start again »), Howard Devoto, Dave Formula et John Doyle proposent en dix titres un nouvel album outrageusement réussi.
Outre le regretté John Mc Geoch, seul Barry Adamson n’est pas présent dans cette nouvelle aventure. Un nouveau bassiste John « Stan » White et le vieux complice de Devoto dans Luxuria, Noko, ont rejoint le groupe.
Tant sur le plan des compositions, des textes, que de la production, « No Thyself » est stupéfiant. Dandysme vocal, ambiances « glam mysterioso », tension et élégance absolue, un mélange de « Secondhand Daylight » et de classicisme post-punk. Du titre d’ouverture, « Do The Meaning » un morceau co-écrit par Devoto et Shelley à l’abyssal et quasi dub-coldwave « The Worst of Progress… », de l’acide-amère pop-song « Hello Mister Curtis (with apologies) » au lancinant « Final Analysis Waltz », « No thyself » a la densité d’un grand album. Porté par les claviers excentriques à la Roxy Music de Dave Formula, la basse ondoyante et ample, les guitares précises et tranchantes de Noko, une batterie aux aguets et le chant toujours mêlé d’arrogance, de lascivité ironique de Devoto, le disque emporte l’adhésion même dans ses moments les plus simplistes comme sur le tonique « Holy Dotage ».
Si nous étions dans un monde un peu moins désorienté et désincarné que
celui des années 10, ce disque deviendrait un classique incontestable et Magazine ne serait pas seulement perçu comme une influence majeure de Franz Ferdinand et d’autres, mais comme un collectif artistique tenant d’une écriture lyrique perverse et acerbe. Trop glam et prog pour les punks, trop punk pour les amateurs de rock arty, Magazine reste un outrage aux genres, un régal!
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