La plus petite ville du « Cindytalk tour 2009 », Cherbourg, aura sans doute été le lieu d’une des plus belles performances.
Après des répétitions magiques au cours de la balance de l’après-midi, donnant lieu à de nouvelles constructions sonores-vocales. L’atmosphère a commencé à se charger d’une énergie très particulière, comme si de minuscules choses se mettaient en place avant l’arrivée de la nuit.
Progressivement la salle s’est remplie, dépassant les 120 personnes, des amateurs énamourés du groupe, des curieux, des oreilles ouvertes aux expériences sonores. La soirée a été une inoubliable montée d’adrénaline et d’émotions.
Vers 21h, les Cherbourgeois de Minh [May] ont su harponner le public en propulsant leurs titres toujours en équilibre entre groove et tension. Une ambiance à la fois chaleureuse et attentive, propre à cette salle si particulière. A nouveau l’Epicentre s’est mis à respirer et à trembler sous le feu des plages énergétiques de Minh [May] plus en verve que jamais.
Le changement de plateau a permis de transformer progressivement l’ambiance. Quelques titres coldwave, post-punk et electro-pop plus tard, un dernier X Mal Deutschland puis le silence.
Après la mise en place minutieuse des musiciens: Shrill au laptop, Gary Jeff à la basse, Paul Middleton à la batterie et Dan Knowler à la guitare. L’attente et la tension sont devenues palpables. Entrée de Cinder dans un élégant kimono bleu, cheveux rougeoyants dans des jeux de lumières subtiles et minimalistes, puis le groupe a initié une lente introduction, une montée entre brûlure, caresse et stridulations. Le chant tout d’abord rentré, introspectif et intérieur s’est progressivement déployé vers la salle au rythme ondoyant et berçant des vagues sonores. Pendant près d’une heure, les plages imbriquées et enlacées se sont succédé. Sculpture sonore, poésie totale, temps en apesanteur, instants de magie, coeur et épiderme mouvants sous la peau de la musique. Au milieu de ce temps suspendu, des échos du « Prince of lies » et du titre fantôme final de « Wappinschaw ». La morsure noise-industrielle du nouvel album « The Crackle of my Soul ». Un concert transformé en véritable création sonore et émotionnelle en direct.
Dans le public, des personnes magnétisées, se balançant ou « explosantes-fixes » (cf André Breton). Une vague finale, expérience sonique, guitare en spasmes noise, sons électroniques comme tressés et abrasifs, la basse bousculant les fondations rythmiques comme des effets sous respiration artificielle et un incroyable désossage de la batterie, Paul démontant ses cymbales puis jouant tel un scratcheur mutant et tribal, écho au chaos de Neubauten.
Un membre du public le rejoignant pour prolonger les vibrionnantes stridences et fracas des cymbales tournicotantes. La voix se retire, les sons s’éloignent, de lointains échos sonores.
Puis s’élèvent des cris, des hurlements, des applaudissements, après cette heure d’osmose. Près de dix minutes pour remercier, exprimer l’énergie reçue et partagée et demander un rappel.
Le groupe ne revient pas, laissant émerger le désir.
L’impression d’avoir vécu des minutes hors du monde.
Une nouvelle fois, l’Epicentre aura été propice à d’étranges espaces de magie. Trinity tient à remercier vivement le public, les bénévoles, l’équipe de l’Epicentre et les trinitéens présents pour avoir contribué à la réussite de ce moment.
0 commentaire