Le 23 mai, le Cärgo (Caen) accueillait le trio helvète pour un
concert qui s’annonçait tonitruant à l’aune de la tonalité plus
roborative de leur dernier album « Super ready – fragmenté ».
Prélude à cette soirée, côté bar (la petite salle plus intimiste),
les Caennais de None ID proposaient une mise en bouche subtile et
envoûtante avec un dispositif audio-visuel efficace. Projection en
arrière-plan, samples et guitares vaporeuses tour à tour grisantes et
massives. Subsistent encore certaines particules trip-hop dans les
rythmiques, mais l’ensemble est diablement cohérent, parfois émouvant,
souvent captateur. Shoegazers d’un nouvel âge, entre Slowdive des
débuts et artificiers d’un doom hors cadre, le duo donne une furieuse
envie de se pencher sur leurs productions (deux disponibles à ce jour,
cf: chroniques).
Premier Acte du plat de résistance, suivant le dispositif de la
soirée, les Alençonnais de Hebus prennent place sur la grande scène.
Erreur de casting? Cadeau empoisonné? Avec leur pop anglo-saxonne
énergique et léchée, entre Oasis, La’s voire Stone Roses par instants,
Hebus n’a rien à faire là, les quelques curieux qui posent leurs bières
pour jeter un oeil sur la scène restent froids face à cet univers
musical à mille lieues des Young Gods. La majorité s’installe
confortablement au bar dans la salle adjacente qui par le truchement
d’un écran diffuse les images du concert en cours. Difficile pour Hebus
de vivre ce calvaire. La vingtaine de personnes présentes applaudit
poliment malgré tout.
Second acte: entrée en scène du trio suisse devant une foule assez
réduite (150-200 personnes environ). La salle est grande et passé le
premier rang la densité fait défaut. Dommage pour l’énergie, le groupe
est pourtant en verve, la formule resserrée du trio sied idéalement au
son actuel des Young Gods. Al Comet aux machines est hyperconcentré et
intense, Bernard Trontin martèle tout en subtils décalages en réponse
aux rythmiques électroniques et Franz Treichler appose son chant
parfois intime, parfois incendiaire sur des textes rendus audibles par
une diffusion acoustique excellente. La part belle est faite au dernier
album qui commence à prendre corps sur scène et à muter parfois à
l’image du disque qui bascule vers des terres « Eau rouge » ou des fers
« TV Sky ». Près d’une heure quarante-cinq offrant de quoi réjouir toutes
les générations présentes, du rock industriel de Irrtum boys, au crossover de Skin Flowers, une once de Kurt Weill, peu d' »Eau rouge » et de « Second Nature » (- Pas « plus » Mal – diront certains). Temps suspendu pour la ballade acoustique Stay with us,
guitare bruitiste un peu plus tard et rappels généreux malgré le peu
d’enthousiasme d’une partie du public (fidèle au proverbe local « blasé
comme un Caennais »?).
Au final un grand moment de rock industriel cérébral et profondément
humain. Les adieux sous les notes du standard de Gary Glitter Did you miss me résonnant au coeur des fidèles comme une délicieuse salutation.
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