Pionniers
de la vague heavenly-pop à la française amorcée au tournant
des années 90, les SPEAKING SILENCE, encore nostalgiques des cendres
du mausolée 4AD et dont le soprano indescriptiblement archangélique
de sa chanteuse, peut seul prétendre rivaliser avec une Elizabeth Fraser,
devraient enfin s’extraire des sphères confidentielles, pour accéder
à la reconnaissance qui leur est due et que justifie pleinement leur
immense talent. Suite à la déshérence du label HYPERIUM
et à un passage à vide inhérent aux affres de l’auto-production,
ils nous reviennent plus déterminés que jamais, sous l’égide
d’un nouveau label avec en prime, l’aboutissement de presque dix années
d’existence: le splendide « THE TWILIGHT WORLD », disque à la
rayonnante maturité… Au terme d’une prestation magistrale hélas
trop brève, au cours de laquelle ils étrennèrent leur nouvel
opus et assurèrent avec panache la première partie des CHAMELEONS
– célébrant non sans fierté les retrouvailles parisiennes
de ces derniers -, SPEAKING SILENCE nous reçut très aimablement
en coulisses, reconverties pour l’occasion en moelleux salon de conversation;
où le temps se suspendit pour ainsi dire. Alors qu’ils brûlaient
cependant de rejoindre la scène, cette fois en tant que simples spectateurs
afin d’ovationner leurs homologues anglo-saxons, ils nous sacrifièrent
sans compter une quarantaine de minutes du concert entamé et firent preuve
en cela d’une sincère générosité. Egalement complémentaire
sur le mode de la discussion, la loquacité du très sympathique
Alain Grandière se combina à merveille à la réserve
bienveillante, émaillée parfois de délicieux éclats
de rires, de sa muse Carla Picchiantano; pour un entretien riche de révélations,
à l’intensité rare. La convivialité qui spontanément
s’instaura avec les membres du groupe, rompit très tôt avec cette
raideur protocolaire propre à l’interview et en vint à nous faire
presque négliger l’ordre chronologique des questions; pour nous abandonner
à un échange des plus exaltants. Pas le moindre doute sur ce point,
les « silences éloquents » se prêtent admirablement à
l’exercice impromptu de l’interview!
Une
question à chaud: de quelle manière avez-vous vécu ce concert
à la Locomotive? Au travers de la réceptivité du public,
notamment.
Carla:
Pour ce qui est de la réceptivité du public, très bien.
Par contre, l’organisation du concert en elle-même, laissa à désirer…
Alain:
Toujours est-il que ce fut un honneur et un bonheur pour nous que de jouer
avant les CHAMELEONS, dont nous sommes de fervents inconditionnels. Leur présence
à elle seule suffit à nous faire accepter cette date.
Ne
vous êtes-vous pas sentis quelque peu lésés que l’on vous
claque pour ainsi dire le rideau au nez, sans vous laisser la moindre possibilité
de prolongation; alors que le public visiblement conquis, vous plébiscitait
– d’autant plus chaleureusement, que la plupart ne connaissaient pas le dernier
album -?
Alain:
Nous ne nous attendions pas à cela. Bien que nous n’ayons pas traîné,
nous n’avons guère eu le choix, relativement au timing. On a dû
jouer une demi-heure environ, voire un peu plus. Disposant de quarante-cinq
minutes, nous avions prévu en conséquence de jouer un simple rappel…
Mais la réaction positive du public, le fait qu’il ait manifestement
apprécié, l’emportent sur le reste et nous encouragent vivement
à renouveler l’expérience.
Si
je ne m’abuse, un concert préalable à celui-ci, pour lequel vous
deviez vous partager l’affiche avec les anglais de MIRANDA SEX GARDEN, avait
été initialement annoncé, avant de se voir mystérieusement
déprogrammé. Pouvez-vous nous en préciser les motifs?
Alain:
Effectivement. Il semblerait que le batteur de MIRANDA SEX GARDEN ait été
confronté à un problème technique, dont nous ignorons la
nature exacte… Apparemment à cette époque, il se produisait
parallèlement au sein d’un autre groupe – inconnu de nous – et il advint
que deux dates parisiennes de concerts, coïncidèrent pour le même
soir. Ayant finalement décidé d’accompagner le groupe en question,
il priva MIRANDA SEX GARDEN de batteur, qui se trouva malheureusement dans l’obligation
d’annuler le concert prévu à la Locomotive. Nous en fûmes
quant à nous, avertis une semaine avant, ce qui nous laissa le temps
de nous préparer… Mais nous ne regrettons rien en comparaison de la
joie que nous avons eu à accompagner les CHAMELEONS.
Carla,
de quelle manière appréhendes-tu la scène: considères-tu
comme une entrave à ton art, l’impossibilité physique de démultiplier
et juxtaposer ta voix comme il apparaît sur disque, ou bien t’accommodes-tu
parfaitement de cet exercice imposé d’élagage et de dépouillement
vocal?
Carla:
Je le vis mal pour des raisons d’ordre technique. Dans la mesure ou nous
ne disposons pas d’un manager, nous dépendons généralement
du bon vouloir des ingénieurs du son inhérents aux salles, qui
jusqu’à présent, ne se sont encore jamais montrés suffisamment
sérieux et consciencieux, pour s’occuper de nous décemment. Et
encore, nous avons pu bénéficier ce soir de l’assistance d’un
ami, ayant fait office d’ingénieur du son… Compte tenu que nous assurons
des premières parties, nous ne sommes absolument pas considérés
et par conséquent, nos besoins quand bien même minimes, ne sont
pas pris en compte. Pour moi, c’est particulièrement frustrant du fait
de mon impossibilité à recréer les arrangements de voix
conçus à partir de ceux d’origine. De plus, il m’est difficile
de placer les voix comme je l’entends, parce que je n’ai jamais de retour suffisant,
pour le faire de manière satisfaisante. D’où une terrible frustration…
D’une
certaine manière, le concert de ce soir m’aura détrompé
quant au doute que le nouvel album avait fait naître, au sujet de la voix.
Stupéfait de l’étendue que recouvre désormais la tessiture
de Carla, réputée jusqu’ici pour ses trilles suraigus, et concevant
difficilement qu’une seule et même personne puisse cumuler des registres
aussi éloignés, je m’étais naïvement figuré
que vous aviez pu solliciter la chanteuse des SECRETS DE MORPHEE – avec laquelle
vous vous êtes par ailleurs départagés les parties vocales
sur AM’ GANESHA’N -. Car à ma connaissance, jamais Carla ne s’était
encore essayée à un registre aussi inespérément
grave, lui seyant en outre merveilleusement. Pourquoi nous avoir jusqu’alors
caché de telles dispositions?
Alain:
Cela fait pourtant des années que Carla explore ce registre. Mais
je dois reconnaître qu’elle m’a moi-même épaté!
Carla:
Je n’osais pas. C’est une question de pudeur. Il s’écoule généralement
des années avant que je n’ose ouvrir certaines portes, je suis assez
lente. Cela doit résulter à la base de mon manque d’assurance.
Je pense que l’expérience au sein d’AM’ GANESHA’N a dut m’y aider. Peut-être
cela m’a t-il permis de m’oxygéner et d’oser explorer un peu plus rapidement
que prévu… Mais il est vrai que suite à l’interview d’AM’ GANESHAN’,
où il fut attribué à Karin certaines de mes participations,
la question me fut posée et je pus alors me rendre compte des confusions
qui avaient été faites, au sujet des morceaux pour lesquels ma
voix se fait plus grave. Ce qui est assez vexant d’ailleurs!
Pour
rebondir sur votre participation au projet de l’ex. RAJNA, à forte consonance
orientalisante, avez-vous été astreints lors de sa conception,
à des règles d’ordre compositionnel ou autre, visant à
excentrer SPEAKING SILENCE de l’ornière pop au profit de couleurs spécifiquement
locales; ou avez-vous pu au contraire vous fondre en toute liberté au
sein du projet, sans vous préoccuper de la forme?
Carla:
Non. Nous étions totalement libres de choisir les morceaux où
nous nous sentions le mieux. Il n’y eut aucune barrière. LES SECRETS
DE MORPHEE ont choisi ce qu’elles voulaient faire. En ce qui nous concerne,
nous avons retenu ceux qui nous inspiraient d’instinct. Mais le mélange
est intéressant. Et puis, cela est vraiment parti d’une amitié!
Alain:
A mon avis, cette expérience nous aura apportés beaucoup.
A tous niveaux. Preuve en est qu’il n’est pas nécessaire de faire quelque
chose de compliqué, pour qu’une émotion se dégage.
Carla,
quel regard portes-tu rétrospectivement sur TREES DANCE – ce que d’aucuns
s’accordent à considérer comme la genèse de SPEAKING SILENCE
– et la dissolution qui s’ensuivit? En quoi selon toi, se différencient
les deux projets?
Carla:
Tout d’abord, TREES DANCE n’est en aucun cas la genèse de SPEAKING
SILENCE. C’était disons, ma première expérience en tant
que chanteuse et cela s’arrête là! Par la suite, j’ai rencontré
Alain, au contact duquel la véritable osmose musicale eut lieu. Une osmose
pour laquelle je n’ai pas hésité à quitter TREES DANCE,
au profit de SPEAKING SILENCE.
Dès
les prémices au sein de TREES DANCE jusqu’à l’album éponyme
« SPEAK IN SILENCE », votre parcours musical semblait indissolublement
lié à celui de RISE AND FALL OF A DECADE, rebaptisé depuis
CUBE-LIKE-PEOPLE; et dont le haut parrainage a pu successivement se traduire
par l’introduction de TREES DANCE au sein du label SINGLE K.O., l’obtention
quasi simultanée d’une licence commune auprès du défunt
HYPERIUM; ainsi qu’une assistance non négligeable aux sessions d’enregistrements
et à la production. Depuis vos trajectoires semblent avoir ostensiblement
bifurqué. Comment expliquez-vous qu’une collaboration aussi fructueuse
ne se soit pas pérennisée? Est-il exclu qu’elle ne reprenne un
jour?
Alain:
Peut-être volons-nous désormais de nos propres ailes. Je ne
saurai dire… Leur empreinte il est vrai, se ressentait davantage à
l’époque de TREES DANCE, dont l’album avait été enregistré
et produit par leurs soins, dans leur studio attitré. Idem pour notre
premier album, d’où peut-être une tonalité commune aux deux
disques. Nous n’en avons du reste jamais parlé… Quant à l’éventualité
d’une collaboration future? Qui sait, pourquoi pas. Pour ma part, je n’ai jamais
cessé d’apprécier ce qu’ils font. Quoi qu’il en soit, nous restons
en contact et sommes en l’occurrence ravis de les savoir à nos côtés
au concert de ce soir, pour lequel ils vinrent nous assurer de leur soutien
et nous remettre un exemplaire de leur nouvel album!
Il
semblerait que bon nombre de groupes affiliés à l’écurie
HYPERIUM, aient eu matière à se plaindre d’une mauvaise gestion
de la part de ses dirigeants; ainsi que de l’absence de politique promotionnelle
dont souffrait le mythique label, alors pourtant florissant. En avez-vous personnellement
été victimes et le cas échéant, comment avez-vous
surmonté la désagrégation d’un label que vous veniez fraîchement
d’intégrer et dont la renommée grandissante aurait pu vous être
infiniment profitable?
Carla:
Cela ne se produisit pas aussitôt. Pratiquement deux ans après.
Du point de vue de la gestion, cela ne nous a guère été
bénéfique, il est vrai. Il faut préciser que nous n’avons
jamais été payés! Raison pour laquelle nous avons tant
tardé à réaliser le deuxième album – quant à
lui auto-produit -; le financement de notre home-studio nous ayant pris des
années. Mais d’autres groupes en ont également fait les frais…
Alain:
Quant au label en lui-même, sa qualité demeure incontestée,
il a fait paraître énormément de groupes intéressants
que l’on écoute encore. Peu de temps après sa création,
il a su rapidement s’imposer comme le label de référence, à
l’origine de tout ce mouvement « Heavenly Voices » – entre autres références,
nous adorons SLEEPING DOGS WAKE! – Tant de groupes émergèrent
à cette époque – phénomène en soi grandiose -, que
nous étions loin de nous imaginer que cela pouvait comporter des incidences
sur la gestion du label et provoquer un déficit aussi énorme.
A mon sens, le principal défaut de son fondateur est d’avoir multiplié
les signatures, en négligeant de s’intéresser au cas par cas à
l’avenir des groupes. Mais face à leur nombre croissant, il finit sans
doute par être dépassé… L’idée je crois, était
avant tout de se faire plaisir, sans se préoccuper des objectifs et implications
de ceux qui cherchaient à réellement évoluer et voulaient
croire au label… Dans tous les cas, HYPERIUM aura su marquer son temps et
c’est là l’essentiel.
N’
avez-vous jamais été sollicités par le label nantais PRIKOSNOVENIE,
au regard duquel tout a priori vous prédestinait à intégrer
la subdivision IRIS, entièrement dédiée aux voix féminines
de caractère; où celle de Carla n’aurait pas manqué d’étinceler?
Voire par d’éventuels labels étrangers, à commencer par
Projekt?
Carla:
Détrompez-vous! Pour ce faire, il nous aurait fallut supprimer toutes
les guitares, car nous sonnions trop « pop » au goût de PRIKOSNOVENIE.
Mais compte tenu de notre répugnance à toucher à notre
musique, nous en sommes restés là… Quant à PROJEKT, nous
les avons contactés par deux fois, pour toujours essuyer une réponse
négative. En réalité, ils nous avaient laissés en
« stand-by ». Par la suite, nous nous sommes rendus compte que ce qui
déplaisait au label, c’était précisément cette touche
tout à la fois rock et pop qui nous caractérise et qui leur semblait
inadaptée pour PROJEKT. En un sens, ils nous reprochaient de ne pas pouvoir
nous attribuer d’étiquette bien précise, ce qui laisse entendre
que l’absence d’étiquette aurait pu nuire aux ventes! Cela résume
un peu la politique de PROJEKT.
A
propos de label, votre choix semble s’être définitivement arrêté
sur la subdivision H.A.R. de SACRAL PRODUCTIONS. Quels arguments décisifs
vous le firent-ils préférer à un autre?
Carla:
En fait, nous avons trouvé chez eux ce que nous cherchions depuis
des années, c’est-à-dire: une communication chaleureuse, de la
reconnaissance et de la compréhension. De l’ambition aussi… dans la
mesure de leurs moyens bien entendu, étant donné que ce n’est
encore qu’un tout jeune label. En outre, cela nous décharge de beaucoup
de choses. L’auto-production n’a rien d’évident. Elle nous limite auprès
des distributeurs et renvoie automatiquement une connotation péjorative.
Par conséquent, nous n’avons signé que très peu de contrats
avec les distributeurs. Les Fnacs nous reléguant d’office à la
mention « auto-production », il devenait presque impossible d’être
mis en écoute. Cela reste encore malheureusement trop fermé en
France. De plus, l’ auto-production requiert une disponibilité extrême,
qui n’aboutit pas forcément à un résultat très convaincant…
résultat toujours limité, quel que soit le cas.
Alain:
Quant à H.A.R., il s’agit d’une subdivision d’un sous-label de SACRAL
PRODUCTIONS: sa branche « heavenly » en quelque sorte. Contrairement
à ce que l’on pourrait croire, SACRAL est indépendant du label
ADIPOCERE, en dépit du fait que son représentant travaille en
parallèle chez ADIPOCERE, notamment. Nous bénéficierons
il est vrai de sa distribution, mais cela s’arrête là. On sent
en outre chez Cédric de SACRAL PRODUCTIONS, une volonté très
forte de nous faire voler de nos propres ailes et de faire bouger les choses;
relativement à cette politique dominante qui tend à ce que les
majors chapeautent tout et ne voient que l’aspect commercial de la chose!
Votre
dernier album « THE TWILIGHT WORLD », à l’indicible magie, semble
resplendir de sérénité. Dans quel état d’esprit
l’avez-vous écrit?
Carla:
En réalité, nous ne nous posons jamais ce genre de questions.
C’est selon les états d’âme du moment, notre façon d’évoluer
dans la vie. En outre, nous tendons à structurer davantage, parce que
nous adorons travailler par contraste. Je pense que nos modes d’expression s’attachent
davantage à la recherche de structures et de sons, qu’aux paroles en
elles-mêmes. C’est véritablement par le biais des structures, que
nous parvenons à pleinement nous exprimer.
Alain:
Sur le dernier album, nous avons travaillé avec plus de spontanéité
que sur « INSIDES », dont la sortie avait dû être sans cesse
repoussée, faute de moyens. Des titres plus anciens y côtoyaient
de nouveaux, du fait du désengagement de certains labels auxquels nous
les destinions, à les éditer et que nous tenions malgré
tout à intégrer. Il est vrai que nous avons accumulé de
très mauvaises expériences avec certains labels et producteurs,
nous ayant littéralement abusés. C’est d’ailleurs cet ensemble
de choses qui en vérité, nous a poussés à l’auto-production.
Avec « THE TWILIGHT WORLD », la pression était moindre, car nous
tenions à prendre le maximum de recul par rapport aux événements.
De
quelle manière se répartissent au sein de SPEAKING SILENCE, les
processus créatifs et modalités de composition, préludant
à l’élaboration d’un morceau? Les arrangements d’Alain préfigurent-ils
systématiquement le chant, ou cela varie t-il?
Alain:
En règle générale, nous travaillons de cette façon:
je m’isole pour composer, structurer et ensuite, Carla place sa voix. Mais il
est vrai que pour le nouvel album, on a procédé quelque peu différemment.
Il y’a quelques titres qui nous sont venus naturellement pour ainsi dire, en
toute spontanéité. A présent, lorsque l’on travaille, on
se retrouve très vite sur la même longueur d’onde. Les choses s’enchaînent
presque instantanément. C’était moins le cas auparavant.
Carla:
On se cherche et le fait que nous partagions des influences assez similaires,
nous y aide. On se connaît suffisamment pour qu’au bout de quelques secondes,
l’on sache tout de suite si la petite lueur est là et si un morceau va
nous permettre de nous exprimer pleinement. Et c’est cela qui est vraiment magnifique!
Nous avons non seulement travaillé de manière plus spontanée,
mais plus rapide aussi. En même temps, notre plaisir de jouer s’en ressent
et nous incite à étendre, structurer toujours plus.
Fallen
bird, l’un des titres les plus éthérés du nouvel album,
se voit vers la fin entrecoupé de fracassantes rythmiques, que l’on pourrait
presque qualifier d’industrielles! Comment vous est venue l’idée d’une
telle combinaison?
Alain:
En vérité, nous travaillons très spontanément.
Nous n’avions en aucun cas prémédité d’introduire d’élément
spécifiquement « indus »… J’aime m’amuser à l’aide de
l’ordinateur: j’expérimente un maximum de choses autour du son et ensuite,
je fais le tri. En outre, je trouve que cette ambiance électro s’intégrait
parfaitement au morceau.
Carla:
C’est la possibilité de les mélanger à autre chose
qui justifie leur intérêt et nous l’ont fait concevoir de la sorte.
A mon sens, Fallen bird ne sonne pas véritablement « indus »
par rapport à ce qu’il exprime, d’un point de vue émotionnel.
Il s’inscrit plutôt dans une suite non logique, mettant en avant l’intérêt
porté aux structures; ces structures pour lesquelles nous offrons le
maximum de nous-mêmes. Nous n’aimons pas trop les structures logiques,
les choses prévisibles. Nous nous efforçons toujours de trouver
des petites divergences, susceptibles de faire voyager l’auditeur au-delà
de lui-même, un peu plus loin. Dear friendship est à ce
titre, ce que j’appellerais une « structure en triptyque »…
Attachons-nous
à présent aux thèmes de prédilection abordés
par SPEAKING SILENCE, au travers des textes du dernier album, notamment. On
dénombre à cet égard, quelques titres interprétés
en français, ce qui en soi constitue une nouveauté – si l’on exceptele tourbillonnant Feuilles d’Automne, contenu sur l’album « SPEAK
IN SILENCE »-.
Alain:
Tout d’abord, je me réjouis que Carla ait bien voulu faire figurer
les paroles des chansons sur l’album; quand bien même en petits caractères!
Carla:
J’ai effectivement fait un pas en avant. Au départ, cela n’avait
rien d’impératif pour moi, car je tenais à ce que les auditeurs
voyagent au moyen des mélodies vocales et non pas en disséquant
mes textes. A vrai dire, je n’en voyais pas l’utilité, mais on me l’a
tellement demandé… Mes textes lorsqu’ils ne se font pas le reflet de
sentiments plus personnels, sont généralement inspirés
des contes et du fantastique; aussi les gens peuvent-ils les interpréter
à leur guise; sans que cela ne menace pour autant mon intimité.
J’adore « personnifier » et faire vivre tout ce qui est important pour
moi: faire parler les objets, la nature, les animaux, enfin tout ce que la nature
me transmet… Pour ce qui est de l’ouverture au français, le déclic
s’est opéré naturellement. Jusqu’alors, seule la langue anglaise
me permettait de greffer des mots par-dessus mon chant. Aussi finis-je en définitive,
par me fermer. Mais il y’a peu, j’eus le déclic intérieur et je
suis maintenant ravie de pouvoir m’exprimer sous d’autres formes. Malgré
notre réticence à la base à employer le français!
Mis à part quelques groupes comme COLLECTION D’ARNELL-ANDREA ou PRO MEMORIA
-dissous depuis-, qui ont une manière très élégante
d’utiliser le français… L’album cependant, comporte également
un titre en allemand: Die Nacht. Mais encore une fois, il fallait que
les choses se fassent le plus spontanément possible…
Avec
le recul, quel bilan dresseriez-vous quant à l’évolution de SPEAKING
SILENCE depuis le premier album, jusqu’à « THE TWILIGHT WORLD »?
Carla, en quoi ton approche du chant ainsi que cette manière que tu as
d’étager les voix sur l’album précité, se distinguent-elles
de la période TREES DANCE?
Alain:
Avec le temps, nous avons tout simplement acquis de la maturité.
Aussi bien d’un point de vue technique, ce qui nous a amené à
développer une autre manière de travailler, nous permettant d’approcher
au plus près le résultat recherché. Nous avons également
je crois, gagné en détermination.
Carla:
On se connaît de mieux en mieux aussi. Nous apprenons à mieux
communiquer nos émotions, tout simplement. D’une certaine manière,
on ne cesse jamais d’ouvrir des portes intérieures, on ne parvient jamais
au bout de quelque chose. Le signe d’une évolution en somme. Quant à
moi, je me suis donné l’opportunité de passer outre mon extrême
timidité, afin de pouvoir explorer d’autres mondes intérieurs
et notamment trouver au moyen de tonalités nouvelles, des formes d’expression
inédites, dont je ne disposais pas à l’époque.
Y’a
t-il une probabilité pour qu’à terme,se voie réédité
votre premier album; sans parler de TREES DANCE?
Carla:
Le premier album, cela risque d’être difficile.
Alain:
Pourquoi pas, si cela fonctionne bien avec SACRAL, peut-être auront-ils
envie de ressortir le premier album?
Le
mot de la fin?
Alain
et Carla: Le mot de la fin? Eh bien, merci à vous. Pour vous être
déplacés et votre patience à notre égard!
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