Historien
de renom, spécialiste des Pairs de France sous l’Ancien Régime,
Raoul de Warren noue très tôt une étrange relation avec
la littérature. Petit
maître de l’étrange, à la manière d’Algernon Blackwood,
de Jean Ray ou de Thomas Owen, il sait faire entrer le lecteur dès
les premières lignes dans un univers où le réel est « perturbé ».
En ce sens il aurait pu devenir un excellent auteur de nouvelles ou textes
courts, hélas sa vocation littéraire contrariée par son
œuvre d’historien l’éloigne souvent du monde des lettres ne lui
permettant pas d’exprimer toutes les facettes de son talent. Réédité
dans les années quatre-vingts par L’Herne, le célèbre
éditeur des « Cahiers de L’Herne » (consacrés aux grands
auteurs de la littérature mondiale), Raoul de Warren a alors bénéficié
d’un écho qu’il n’avait pas eu lors des premières éditions
des années cinquante, où l’on faisait peu de cas de ce genre
de littérature policière sous influence fantastique. Ses meilleurs
ouvrages furent alors reconnus comme dignes descendants des Meyrink, Cazotte
ou Poe. Il
a parfois eu le tort de ruiner des idées ahurissantes en ne leur offrant
qu’un écrin littéraire trop hâtif, où le style
frise parfois avec une application maladroite, quasiment scolaire. C’est en
cela, que Raoul de Warren est un « petit maître du Fantastique »,
auteur pour initiés et pour amoureux de l’étrange, ses livres
ont un charme singulier. Ils se lisent vite, hors d’haleine ou interloqué
le lecteur en ressort souvent parcouru d’un sentiment de malaise ou d’un frisson.
Artisan
de l’intrigue alambiquée parsemée de substrat occulte ou ésotérique,
Raoul de Warren n’est pas l’auteur d’une Oeuvre à part entière,
il excelle dans certains titres égalant les plus grands comme Gustave
Meyrink ou William Hodgson, comme il peut sombrer dans l’infiniment médiocre
dans certains ouvrages (en particulier dans « Les portes de l’Enfer »
et de façon moindre dans « Et le glas tinta trois fois »).
Trois livres restent encore aujourd’hui hautement recommandables: « La
Bête de l’Apocalypse », « La Clairière des eaux-mortes »
et « L’Insolite aventure de Marina Sloty ».
Bibliographie:
Initialement
édités dans les années ciqnuante-soixante (nous n’avons
pas toutes les dates de première édition), tous les ouvrages
ont été réédités par L’Herne, puis certains
ont été publiés en format de poche chez Le Cabinet Noir/Les
Belles Lettres.
Nous
ne tenons pas compte des ouvrages historiques publiés des années
vingt aux années cinquante, ici seuls les ouvrages romanesques ont été
retenus.
« L’Enigme
du mort-vivant » (Bordas, 1950, puis réédition Carnets Noirs-L’Herne,
1979) »La
Bête de l’Apocalypse » (Robert Laffont, 1956, puis réédition
Carnets Noirs-L’Herne, 1978) »La
Clairière des eaux-mortes » (Carnets Noirs-L’Herne, 1979) »L’Insolite
aventure de Marina Sloty » (Carnets Noirs-L’Herne, 1980) »Rue
du mort-qui-trompe » (Carnets Noirs-L’Herne, 1984) »Le
Village assasin » (Carnets Noirs-L’Herne, 1988) »Et
le glas tinta trois fois » (Carnets Noirs-L’Herne,1989), a priori réédition
du roman policier des années 50: « Le cadavre bafouille ».
« Les
Portes de l’Enfer » (Carnets Noirs-L’Herne, 1991)
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