Enfants
de THE POLLEN et de COCTEAU TWINS, les chiliens de LUNA IN CAELO serpentent
entre pop éthérée et ombres filamenteuses. Quelques questions
pour éclairer leur univers.

Pouvez-vous
nous raconter les débuts de LUNA IN CAELO?

Daniel
Davila :
Nous avons commencé en duo, Alejandra et moi-même,
en 1993, à Santiago au Chili, et en 1995 nous avons formé un groupe
complet. A l’époque où nous avons fait nos premiers concerts,
il n’y avait pas de scène dark à Santiago , alors nous étions
« rock alternatif ». En 1997 quand nous avons enregistré « AQUELLOS… »,
nous étions connus en tant que groupe dark. Après cet album fait
de façon traditionnelle, nous avons changé la formation du groupe
et nous avons commencé à apprendre à faire nos propres
enregistrements. C’est comme cela que nous avons fait « MIEDO A MORIR »
en 1999, les guitares sont plus présentes ainsi que les voix de fond.
Quand nous avons terminé ce disque, Alejandra et moi avons déménagé
à Mexico où nous avons sorti notre album et nous commencions à
être connus en dehors du Chili. Ici nous avions fait des concerts avec
des musiciens mexicains, quelques-uns en duo et un très gros avec tous
nos musiciens du Chili. Nous avons également commencé l’enregistrement
d’un nouveau CD, qui s’appellera « NOCTE ERAT, LUNA IN CAELO
FULGABAT ». Quand cette interview paraîtra, nous serons de retour
à Santiago.

Il
y a l’air d’y avoir un français dans la première formation,
Philippe Boissier? Est-ce que sa culture musicale a beaucoup influencé
votre musique?

Il
vient d’une famille française, mais il est du Chili. Peu importe,
il jouait de la basse et il a collaboré aux chansons les plus expérimentales
d’ « AQUELLOS… ». En ce moment il vit en France , il joue
avec un autre groupe chilien, PANICO.

Le
côté artistique semble constituer une partie importante de votre
travail ( vidéo, morceaux instrumentaux…), vous sentez-vous proches
de quelques mouvements artistiques ou d’individus?

Musicalement,
nos influences sont très claires , ce sont surtout les groupes dark post-punk
classiques. Les arts en général ; nous sommes intéressés
par la période avant-gardiste du début de 20ème siècle,
plus particulièrement le mouvement expressionniste. Nous nous sentons
liés aux sentiments qui ont permis l’émergence de ce type d’art
qui compte de magnifiques oeuvres en littérature , peinture, musique
et cinéma.

En
écoutant votre musique, on pense immédiatement aux COCTEAU TWINS,
à la musique cold-wave heavenly, avec des guitares crues, une basse hypnotique
et mystérieuse, et une unique voix qui tourne… Pourriez-vous parler
de vos influences musicales? Vos goûts musicaux?

Comme
je l’ai dit, les groupes classiques de dark post-punk, les COCTEAU TWINS,
DEAD CAN DANCE, SIOUXSIE AND THE BANSHEES, THE CURE, JOY DIVISION, etc… Des
goûts plus éclectiques comprennent POPOL VUH, LOW, SINEAD O’CONNOR,
les CRANES, les derniers DEPECHE MODE. En général, nous recherchons
la musique qui vous fait ressentir des choses intéressantes et c’est
ce que nous essayons de faire, faire que l’auditeur sente quelque chose,
même si les paroles ne sont pas comprises.

Dans
le livret, vous dites que LUNA IN CAELO était le premier groupe dark
indépendant au Chili, quelle est la scène musicale du pays?

La
scène culturelle est très pauvre au Chili, et la musique ne fait
pas exception. Il y a de très bons musiciens au Chili, mais il n’y
a pas moyen que les groupes parviennent à vivre , ou obtenir des rétributions
grâce à leur travail. En un sens, cela signifie que tous les musiciens
font leur art pour un besoin personnel , ce qui est bien, mais très difficile.
Nous étions en dehors du Chili pendant deux ans, nous espérions
que les choses avaient changé. De toute façon, il y a de très
bons groupes, comme LUCYBELL, qui est sorti de l’underground pour être
professionnel ;

Pourquoi
avez-vous déménagé au Mexique?

Ce
n’était pas pour des raisons musicales. Alejandra a passé
un doctorat en histoire ici, au Mexique, alors nous sommes restés pendant
deux ans. Maintenant elle a fini, alors nous retournons au Chili. Sortir de
notre pays a été génial, nous avons une autre perspective
de notre musique et nous avons décidé de faire un album duo ici
au Mexique.

Alejandra,
comment êtes-vous parvenue à l’écriture d’une
mélodie vocale ? Improvisation ? Vous chantez sur une mélodie
instrumentale ?

Alejandra:
La musique vient en premier, après l’avoir entendue quelques fois,
j’essaie d’identifier les sensations qu’elle me provoque.
Puis, j’écris des paroles en relation avec ses sensations et finalement
j’élabore une mélodie pour elle.

Vous
avez sorti deux albums; le second « MIEDO A MORIR » explore les mêmes
sentiments qu’ « AQUELLOS… » ou d’autres? Comment
décrivez-vous votre évolution artistique et musicale?

Il
existe de grosses différences entre ces deux albums. « AQUELLOS… »
était en gros, une compilation de nos concerts de cette époque,
donc il a un son plus live, plus dur. Pour « MIEDO A MORIR » nous avons
écrit la musique en essayant de produire un travail plus compacte, focalisé
sur un type de sentiment. Notre travail habituel ressemble plus à « MIEDO
A MORIR », mais nous tentons de faire de la musique plus mélodique.
Je crois que l’évolution majeure qui s’est produite au cours
des années est que nous avons construit un son à nous.

Avez-vous
de nouveaux projets pour l’avenir ( albums, événements artistiques,
films…) ?

En
ce moment nous finissons un nouvel album, on espère qu’il sortira
bientôt. Comme nous déménageons au Chili, dans les prochains
mois il y aura des concerts, nous voulons jouer en Amérique du sud. Nous
terminons cet album duo pour en commencer un autre avec tous les musiciens.
Et, comme vous l’avez mentionné, nous travaillons sur le projet
d’un film, un conte étrange, sombre et historique qui sera fait
en 2003.

En
Europe, votre premier album est connu grâce au label italien Palace Of
Worms, comment avez-vous fait la connaissance de ce label?

Par
internet. Il y a quelque temps, nous avons créé notre site et
Guido de POW l’a vu et nous a contacté. Puis nous avons conclu
cet accord qui nous a permis d’être connus en Europe.

Y
a-t-il une chance de vous voir sur scène en Europe, ou peut-être
en cassette ou DVD ( il y a un extrait d’un morceau vidéo live
sur votre premier album) ?

Nous
aimerions beaucoup jouer en Europe. Nos performances live sont très intéressantes,
mélangeant des projections en arrière plan et de la vidéo
avec de la musique très calme et des tempêtes bruyantes. De toute
façon, nous avons l’habitude de jouer dans des petites salles,
des lieux intimes. Nous sommes sur le point de terminer notre site web, des
lives y figureront.

Comment
les gens réagissent à votre musique? Font-ils souvent allusion
à votre pays d’origine?

Première
chose, notre musique n’a pas un grand public (quelque chose que nous avons
très envie de changer), mais ce que nous aimons c’est que bien
que notre travail pourrait être décrit comme dark, ou gothique,
notre public n’est pas toujours gothique. Notre musique peut être
entendue par des gens qui ne s’habillent pas en noir. En concert, les
gens nous parlent souvent de leur rêves, de leur espoirs et projets. C’est
marrant, c’est au Mexique qu’on a donné nos premiers autographes.

Avez-vous
quelque chose à dire à la France, à nos lecteurs?

J’espère
que notre travail va recevoir un bon accueil en France, même si ce ne
sont pas les mêmes langues. Nous voudrions vous remercier pour cet entretien
et dire à tous vos lecteurs que nous serons très heureux de jouer
pour eux. Merci.

 

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