Atoll
imaginaire dressant une passerelle musicale entre Asie et Occident, JACK OR
JIVE, groupe apatride s’il en est, s’ancre à une confluence,
se situe à un carrefour, où les antinomies d’ordre culturel
et temporel, s’apprivoisent et s’estompent; jusqu’à
magiquement fusionner. Tout à la fois japonais dans son esprit réminiscent
de rites incantatoires et européen pour son approche du son ou inversement,
JACK OR JIVE semble s’être laissé diversement imprégner
par ces ascendants contraires, sans jamais se prévaloir pour autant,
de l’un ou l’autre de ces pôles. Fruit de cette hybridité
consommée, JACK OR JIVE se voit conférer un statut très
à part au regard du cénacle gothique, dont ils débordent
sans nulle peine, les contours étriqués. Leur honorifique introduction
au sein de la volière Prikosnovénie – giron des plus adaptés
à leur singularité -, les a rendu familiers du public français,
dès lors conquis par l’oscillante suavité avec laquelle
Chako tutoie les ombres et cet étrange compromis entre exotisme et modernité,
imbibant fantasquement chaque note. Tout au long d’un irréprochable
parcours discographique ponctué de sept albums admirables, le duo japonais
semble cultiver, outre une exigence renouvelée les préservant
des paresseuses redites, un salutaire mépris des diktats et autres consensus
esthétiques propres au goût du jour, auxquels bon nombre de groupes
sacrifient vénalement. Mais l’essence de JACK OR JIVE, c’est
intrinsèquement Chako qui s’en fait la gardienne et la dépositaire,
au travers de l’incomparabilité de son chant. Un chant proprement
terrassant régi par le seul précepte d’une inconditionnelle
liberté expressive et traversé de modulations changeantes, aux
accents tour à tour languissants et orageux, aigrelets et caressants;
la consacrant tour à tour nymphe et furie, à la tribune brimbalante
des anges insubordonnés. Corolles synthétiques abritant un coeur
volatile, les arrangements de Makoto Hattori se marient mélancoliquement
aux vocalises spectrales de la prêtresse nipponne, selon la plus parfaite
adéquation. Ayant récemment fait paraître à la suite,
deux projets vinyliques de très haute volée, dont un colossal
opéra, JACK OR JIVE, que l’on devine indéfectiblement nostalgique
des « pressages noirs », se fraye une voie royale parce qu’intemporelle,
parmi les tenants de la création contemporaine. Brûlant d’en
savoir davantage et de percer à jour le secret d’un tel prodige
musical, nous les avons importunément mitraillés de questions…

 

Avant
tout, une question préambulaire que n’aura pas manqué de
se poser tôt ou tard votre auditoire: que signifie JACK OR JIVE et pourquoi
ce nom?

Chako :
JACK OR JIVE ne veut rien dire… c’est à l’image de
ce que je chante, les paroles ne signifient rien, j’aime simplement leur
résonance.

Exercice
périlleux sinon gageure pure, que de s’aventurer à définir
votre style, tant par sa singulière unicité, il fait fi de toute
étiquette et échappe effrontément à toute classification
préétablie. Comment personnellement le qualifieriez-vous?

Je
pense que c’est une sorte d’art musical profane (art brut). Vous
êtes d’accord? De toute façon, je ne crois pas que ce soit
de la musique avec une voix Heavenly.

Rétrospectivement,
de quelle manière la scission de JACK OR JIVE en « JACK OR JIVE LIGHTS »,
a t-elle été perçue à l’époque où
elle intervint dans votre itinéraire artistique? Est-il advenu que l’on
vous reproche de délaisser les sonorités industrielles caractéristiques
de vos débuts, au profit d’atmosphères jugées disons, plus
doucereuses? En d’autres termes, les réactions qu’elle vous
suscita, sont-elles pour quelque chose dans sa cessation?

Jack
Or Jive Lights est notre côté léger. Nous l’avons
nommé comme les Marlhboro Lights pour que les gens sachent qu’il
ne s’agit pas d’une production majeure de JACK OR JIVE. Mais en
gros il n’y a pas de différence.

Quel
type de réactions de la part de vos compatriotes, vous a valu le fait
que le sublime « KENKA » vous ait été partiellement inspiré
par la catastrophe du séisme de Kobé? Cela a t-il choqué,
ému? Dans le même ordre d’idée, croyez-vous que l’historicité
propre aux tragédies humaines puisse stimuler la créativité?

Nous
avons reçu des lettres de gens qui ont aimé cet album. Quelques
fois ma créativité s’inspire des mouvements du monde. Nous
habitons à 50 km de là et le tremblement de terre a été
tellement impressionnant… Ca nous a beaucoup affecté.

Renouvellerez-vous
le principe de l’album concept à la « KENKA »?

Non.

A
votre avis, quel album de JACK OR JIVE se place t-il au dessus des autres et
pourquoi? Et inversement, celui vous paraissant en toute objectivité,
le moins abouti et pour lequel vous nourririez quelques regrets?

C’est
difficile de répondre. Maintenant je crois que « KISMET » est
le meilleur. J’essaie toujours de faire de mon mieux, alors le tout dernier
est le meilleur selon moi. A chaque fois je suis satisfaite de l’album
sur le moment.

Chako,
autour de quelle thématique s’articule l’opéra: « LEGEND
OF BIWAKO », dont tu es l’auteur et que vient de récemment
publier le label allemand LOW LIFE? Epouse t-il une trame narrative prédéfinie
ou un quelconque livret, comme il est de coutume pour ce genre de répertoire?
A ce propos, qu’a pu motiver ton refus de participer aux parties vocales,
pourtant prépondérantes?

Son
texte a été rédigé par une équipe écrivant
des opéras. C’était un véritable opéra. Je
n’y ai pas participé parce que je n’ai pas d’éducation
musicale. Ma façon de chanter n’est pas le chant formel des opéras.

Par
sa solennité, sa sacralité même et son caractère
hautement lamentatoire, ne considères-tu pas que le dit opéra,
rassemble quantité d’attributs communs aux oeuvres liturgiques
existantes et que par extension, il s’apparenterait davantage à
une forme moderne de requiem, qu’à un opéra proprement dit,
pour lequel la démonstrativité théâtrale ainsi que
l’allégresse, sont couramment de mise ?

Oui.
Et il y a aussi une adoration pour la nature.

De
quelle manière la représentation scénique de « LEGEND
OF BIWAKO » a t-elle été perçue par le public japonais?
En l’occurence, quel type de public a t-elle majoritairement brassé:
des puristes avertis, plus spécialement aguerris à l’opéra,
ou des inconditionnels deJACK OR JIVE, ayant eu ouïe de l’entière
responsabilité de Chako au sein du projet?

Environ
1500 fans de musique classique sont venus au concert. J’ai entendu qu’ils
étaient ravis de ce qu’ils avaient vu.

Exception
faite de « LEGEND OF BIWAKO », ne dérogeant pas aux schémas
classiques en vigueur, force est de constater que la plupart de vos productions
vinyliques, privilégient des sonorités plus ostensiblement abruptes
qu’à l’accoutumée; réintroduisant ce faisant,
la dimension expérimentale de vos débuts – à cet effet,
l’on ne peut s’empêcher d’appréhender le 10″
« GYAKKOU », comme une extention improbable de »MUJYO »-. Percevez-vous
le support vinyl, comme une alternative aux climats éthérés
prédominant sur vos productions CD les plus récentes; alternative
vous permettant d’explorer plus à loisir d’ autres territoires
sonores?

Ce
sont des morceaux non édités, alors ils ont une saveur plus expérimentale.
Mais nous ne faisons pas cela intentionnellement, c’est naturel.

Avec
cette succession de parutions vinyliques pressées à très
peu d’exemplaires, n’ ayant rien à fortiori à envier
à la qualité de vos productions CD, ne risquez-vous pas de léser
ceux de vos fans ne pouvant avoir accès à ces raretés et
à cet effet, songez-vous à en consigner à plus ou moins
long terme, le tout sur format CD?

Vous
savez que les Cds sont faciles à copier aujourd’hui, alors nous
devons le faire. Mais le problème est le coût.

Que
signifient les imposantes calligraphies ornant la presque totalité des
pochettes de vos albums, de « PRAYER » à « LEGEND OF BIWAKO »?
Sont-ce les transcriptions des titres des albums en japonais? Est-ce là
une manière de réaffirmer et revendiquer vos origines nipponnes?

Elles
sont le thème principal de l’album.

Incontestablement,
les arts plastiques occupent une place centrale chez JACK OR JIVE. On a le sentiment
à y regarder de plus près, que la production picturale de Chako,
alternant entre la pratique académique et ancestrale de la calligraphie
et lorgnant du côté des géniales divagations des représentants
de l’art brut, Gaston Chaissac en tête, se fait le révélateur
de la double appartenance de JACK OR JIVE à l’Europe et au Japon.
De même, cette notion de bipolarité culturelle transparaît
on ne peut plus distinctement dans votre musique, porteuse d’une certaine
forme de syncrétisme… Souscrivez-vous à l’ idée
que JACK OR JIVE puisse être le produit d’un croisement tous azimuts
entre archaïsmes, tradition et modernité?

Maintenant
la plupart des gens dans le monde vivent entre tradition et modernité.
Mais ils semblent tendre un peu trop vers la modernité. Je crois que
l’équilibre des deux est important.

Quels
éléments propres à l’occident et à la culture
nippone, cherchez-vous à introduire dans votre musique, à moins
que vous ne fonctionniez de manière plus intuitive?

Il
y a des influences occidentales et nippones dans notre travail. Ca se mélange
naturellement, parce que nous vivons au Japon et de nos jours, la vie au Japon
ressemble à celle de l’occident.

Peut-on
espérer une suite au premier opus de Seclusion, projet parallèle
né d’une collaboration étroite entre Christopher Heeman
d’H.N.A.S et JACK OR JIVE; ainsi qu’un second album solo de Chako?

Non,
c’est fini.

Makoto,
caressez-vous de votre côté l’espoir de développer
des projets parallèles en solitaire, à la manière de Chako?

Non
il ne le fera pas parce qu’il ne compose pas. Habituellement il fait les
arrangements et le mixage, alors non.

Est-il
vrai, Chako, que le travail de composition au sein de JACK OR JIVE, t’incombe
en totalité? Le cas échéant, que pouvait t’apporter
de plus, la réalisation d’un album solo?

Moi,
Chako.

Chako,
vers quel âge as-tu pris conscience de l’étendue des capacités
vocales qui s’ offrait à toi? Le chant s’est-il imposé
à toi naturellement, ou a t-il été un temps dicté
par le désir d’égaler celles ou ceux, dont tu admirais la
technique et les prouesses vocales? Dans le prolongement, à quelle lignée
de chanteuses te crois-tu, ou souhaiterais-tu appartenir?

Quand
je jouais des instruments, j’avais de très belles mélodies
en tête, alors je chantais la mélodie sans mots. C’était
le commencement. Aucun chanteur ne m’influence directement. J’ai
beaucoup écouté de musique punk rock .

Chako,
penses-tu pouvoir passer un jour de l’abstraction vocale pure, à
l’articulation intelligible de mots voire de textes; tout comme le fit
en son temps, Elizabeth Frazer, pourtant farouchement adepte au commencement
de sa carrière, d’une forme déclarée de glossolalie
vocale?

Non.
Je préfère le poème que l’homme a écrit avec
poésie.

Partant
du postulat que JACK OR JIVE s’est de tout temps dispensé d’intégrer
à sa musique, la moindre parole tenue pour redondante, j’imagine
que le choix des titres quant à lui, est loin d’être laissé
au hasard et qu’il participe activement des images et atmosphères
que vous cherchez à suggérer et faire naître chez l’auditeur;
en complément de celles qu’il peut instantanément se forger
à l’écoute d’un morceau. De quelle manière
le choix des titres, s’opère t-il? Les baptisez-vous postérieurement
à leur finalisation ou bien arrive t-il que certains morceaux se bâtissent
et s’orientent mélodiquement à partir d’un simple
titre prédéterminé?

Ce
sont nos images des chansons. Mais nous espérons que les auditeurs auront
librement leurs propres images pour les chansons.

Chako,
ton chant semble parfois marqué par la dissonance – un peu à la
manière de Francesca Nicoli d’ATARAXIA, mais sur un registre volontiers
suraigu -, ce qui du reste, lui confère immensément de vie et
d’émotion, à l’inverse de pratiques vocales plus impersonnelles
et conventionnelles; parce que neutralement appliquées à gommer
la moindre aspérité. Est-ce intentionnel de ta part, ou cela est-il
plus spécifiquement propre à la tessiture de ta voix, à
rapprocher d’un indomptable torrent laryngien?

Je
ne pense pas tant que cela aux autres artistes. Quand la chanson demande un
chant discordant et bien je le fais.

Chako,
l’expressionnisme protéiforme et très imagé de ton
chant, capable de basculer avec une confondante facilité de l’aigu
le plus strident à des tonalités quasi-gutturales, donne à
penser que par le truchement de la voix, tu te plais à inventorier et
embrasser une gamme très étendue de sentiments antagonistes, servie
par une galerie de personnages foisonnants; allant de l’enfant craintive
au démon, de la guerrière au spectre gémissant… Une imagerie
proche d’une certaine forme de pantomime ancestrale, spécifique
à la culture asiatique, nous vient aussitôt à l’esprit;
en référence aux théâtres Nô et Kabuki. Que
te suggère ce rapprochement?

Je
ne crois pas. Aujourd’hui les Japonais ne regardent ni l’un ni l’autre.
En fait, je ne les ai vus qu’une seule fois chacun.

Au
vu de vos signatures successives sur différents labels -Dradomel, Drag
and Drop, Low Life-, il semblerait que la nécessité d’un
changement cyclique de label, se soit persuasivement imposée à
vous. Néanmoins, vous semblez vous être durablement attachés
les services de Prikosnovénie, par l’intermédiaire duquel,
vous enchaînez les enregistrements à une cadence sensiblement plus
soutenue que de par le passé. En quoi Prikosnovénie répond
t-il davantage à vos attentes que les quelques labels précités
et pourquoi ce choix? A cet égard, avez-vous eu connaissance des autres
artistes affiliés au cosmopolite label nantais et si oui, vers quels
représentants vont vos préférences?

Il
n’y a pas de raison à cela. Mais nous aimerions sortir des titres
inédits ainsi que de l’opéra.

Pourquoi
ne pas avoir réimprimé à l’identique, les splendides
pochettes originales de « PRAYER » et « MUJYO »; lorsque Prikosnovénie
entreprit judicieusement de rééditer ces albums charnières?

Malheureusement,
nous avons égaré les pochettes d’origine, alors nous avons
dû changer.

Comment
se déroulent ordinairement vos sessions d’enregistrement? Se font-elle
sous l’égide de Frédéric, fondateur et ingénieur
du son attitré de Prikosnovénie, ou vous contentez-vous de lui
adres-ser par courrier, vos démos d’emblée parachevées?
Dans tous les cas, la distance constitue t-elle une entrave majeure à
la finalisation d’un disque?

D’habitude
on enregistre les sons de base en premier. Puis un autre son me vient à
l’esprit, alors nous les enregistrons et en dernier, je chante. Prikosnovénie
ne dit rien au sujet des productions.

Sous
l’instigation de quels participants, sont nés ces projets de collaboration
avec les membres respectifs de GOR et de Lys, figurant sur la compilation « BELLADONNE
2 » et quelle en a été l’impulsion première?
Dans le prolongement, est-il permis de croire en l’éventualité
d’un album futur, réalisé de concert avec ces derniers?
Réitèrerez-vous d’autres alliances musicales de ce type
à l’avenir?

Prikosnovenie
a demandé cette collaboration. Alors nous l’avons fait. Nous avons
travaillé un album en collaboration avec GOR. Maintenant, il m’est
difficile de collaborer, parce que je ressens une différence à
travailler avec d’autres musiciens.

Rares
sont les groupes faisant montre d’une telle largesse en matière
de titres inédits, dont vous persistez à profitablement gratifier,
nombre de compilations européennes. Hormis certains titres isolés,
ayant subséquemment trouvé leur place au sein de rééditions
d’albums « augmentés », ne craignez-vous pas, tout bien
considéré, qu’une telle donation soit susceptible de désavantager
et dévaluer un album, par la non intégration de tel ou tel titre
substantiels?

Oui,
si je peux bien jouer. J’essaierai.

De
quelle manière se déroule un concert de JACK OR JIVE? D’après
l’exubérance des tiares et chatoyantes tuniques qu’arbore
cérémonieusement Chako sur scène, l’aspect visuel
très étudié, semble déterminant. Quant à
l’interprétation, vous cantonnez-vous à une restitution
rigoureusement fidèle aux morceaux de votre répertoire, ou en
bouleversez-vous à l’envie l’ossature mélodique, jusqu’à
la rendre méconnaissable?

Le
label allemand l’a décrite comme une « performance d’art
vocal expérimental» quand il s’est chargé de l’arrangement
de notre live en Allemagne. J’aime bien, alors c’est aussi ce que
nous avons employé pour Taiwan en Mars. La scène est décorée
des étoffes de Seizo et mon corps bouge de façon naturelle.

A
l’écoute de »KAGURA », enregistrement live de votre mémorable
prestation donnée à Kyoto en 1994, on peine à concevoir
que les parties vocales aient pu authentiquement relever de la stricte improvisation,
comme cela se vit mentionné dans le livret; tant ces dernières
brillent par leur cohésion et leur remarquable justesse expressive. Qu’en
est-il véritablement: n’y a t-il point eu de répétitions
préalables, destinées à en ébaucher les motifs et
lignes directrices?

C’est
ce que je fais d’habitude… pas seulement pour « KENKA ». Si
ça ne fonctionne pas , j’essaie une seconde fois voire plus.

Je
n’écris pas de partition, c’est toujours de l’improvisation.

L’espoir
vibrant de vous voir vous produire prochainement en France, relève t-il
de l’utopie pure?

Oui,
je l’espère.

Le
Japon, dont la réputation n’est plus à faire en matière
d’industrialo-bruitiste, semble en revanche, moindrement prodigue de groupes
s’inscrivant dans la mouvance dite « Heavenly Voices », à
laquelle nous serions – peut-être à tort? – tentés de vous
rattacher. Dénombrerait-il, à l’exception de JACK OR JIVE,
d’autres ambassadeurs influents? A ce titre, auriez-vous fait des émules?

Je
ne sais pas. Je ne connais pas trop de groupes japonais.

Avec
bientôt douze années d’existence à son actif, couronnées
par une reconnaissance étendue à presque toute l’Europe,
JACK OR JIVE se voit-il parallèlement accéder à un début
de notoriété au Japon, où il semblerait que le public vous
ait jusqu’alors, inexplicablement ignorés? Comment y êtes-vous
perçus et quel statut occupez-vous actuellement?

Non.
Nous n’avons fait aucune promotion et cela ne nous soucie pas.

Quels
sont les thèmes de prédilection abordés par JACK OR JIVE?
S’en trouve-t-il de récurrents d’un album à un autre?

Je
pense que chaque album a son propre thème. Je ne sais pas si ils ont
quelque chose en commun ou non.

Parmi
cette vaste palette d’émotions à laquelle convie JACK OR
JIVE, la mélancolie a de tout temps, semble t-il, nettement prévalu
sur les autres; teintant et infiltrant diversement, chacun de vos albums. Comment
expliquez-vous la récurrence avec laquelle cette forme de vague à
l’âme, s’empare de votre musique?

Beaucoup
de gens me l’ont dit, alors maintenant je le vois. Mais cela vient de
moi, je ne le fais pas exprès, ça vient de façon naturelle
et je ne le discerne pas avant que ce soit là.

Telle
une espèce rare de fleur nocturne, jaillissant de son bouton de velour
avec l’approche des premières ombres, votre musique semble se déployer
et prendre tout son sens, nuitamment; comme si le silence et les ténèbres
environnantes, la fertilisaient… la façonnaient et empêchaient
l’auditeur de la recevoir autrement, qu’une fois le jour chassé.
Advient-il que vous composiez de nuit et souscrivez-vous à l’idée
au reste très subjective, que la compréhension de votre musique,
puisse requérir une imprégnation nocturne et s’en trouver
par là-même, »optimisée »?

J’aime
les nuits sombres. Mais je ne crois pas que ça ait une influence sur
notre musique sombre, parce que la plupart des chansons ont été
enregistrées de jour.

Dans
le même ordre d’idées, l’on ne peut s’empêcher
d’indissociablement rattacher certaines de vos pièces – ce que
du reste, le choix explicite des titres et de divers samples, atteste pleinement
– à l’élément naturel, principalement décliné
ce faisant, sous sa forme aqueuse – que vous y célébriez la bienfaisante
vapeur d’eau, la pluie, la neige ou encore la mer -; comme si votre musique
contribuait à témoigner des efforts et tentatives désespérées
de la nature, à survivre en milieu urbain et reprendre ses droits, en
dépit du chaos ambient. Au travers de cette frémissante ode à
la nature, votre démarche en tant qu’artistes, se veut-elle purement
poétique, ou dissimule-t-elle des implications d’ordre écologique
et politique?

La
nature est à l’origine de la vie. Il n’est pas important
qu’elle soit en face de toi ou non. La nature, c’est la vraie vie.

Hormis
la musique, vers quels domaines, artistiques ou autres, s’orientent vos
centres d’intérêt respectifs? Pourriez-vous nous divulguer
quelques unes de vos sources d’inspiration?

Il
y a de nombreuses choses. L’art, le dessin, le cinéma, la vie dans
les autres pays, la politique… et les humains.

Que
vous inspire l’adulation fervente que vous témoigne l’illustre
cinéaste britannique Peter Greenaway? La réciproque est-elle vraie
et le cas échéant, accepteriez-vous de collaborer à la
bande sonore d’un de ses long-métrages on songe notamment à
ce qu’aurait pu engendrer d’extraordinaire, la B.O. de « The
Pillow Book », revue et corrigée par JACK OR JIVE? (ndlr : la
B.O., au demeurant intéressante a été en partie composée
par Guesch Patti !)

Je
suis très heureuse qu’il aime ma voix. Il a demandé à
nous rencontrer quand il était au Ja pon. Mais il y a beaucoup de problèmes
et de promesses impliquées dans un projet de cette ampleur.

L’image
constitue t-elle un médium que vous souhaiteriez annexer et explorer
plus en profondeur à l’avenir, en tant qu’additif ou prolongation
à votre musique; notamment sous la forme du CD-rom, de la vidéo
expérimentale, voire de l’installation?

Nous
avons collaboré avec VJ group l’année passée. Je
pense que le visuel ouvre de nouvelles possibilités pour les performances
live.

Que
pouvons-nous espérer pour la suite et pour quand, un nouvel album de
JACK OR JIVE?

Actuellement
nous mixons un autre album d’inédits pour le label allemand et
ensuite nous recommencerons à enregistrer pour Prikosnovenie.

 

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