Après
la sortie d’un très bon premier album « JOA SLOVA »
(CF chronique TRINITY 4), le groupe messin a accepté de revenir avec
nous sur ses débuts et nous parle également de son nouvel album
« SWEET AZYLUM ». (L’interview a été réalisée
avant la disparition tragique de l’un des membres du groupe).
La
composition de Noctule Sorix a été plusieurs fois bouleversée,
comment se compose le groupe actuellement, comment expliquez-vous tous ces changements ?
Mr
FABB: Aujourd’hui, le groupe ne se compose plus que de Noctule. H
à la basse, aux samples et à la guitare et de moi-même aux
claviers et au chant. Nous sommes le noyau dur du groupe depuis le début.
Il est vrai que beaucoup de musiciens ont joué avec nous, mais toutes
ces personnes ne se sont jamais réellement investies dans le groupe ou
n’avaient pas les mêmes objectifs que nous. La plus part sont partis
naturellement, la seule personne que nous ayons du virer était notre
premier guitariste. Il voulait jouer 15 solos sur un même morceau et refusait
systématiquement de jouer ce qui n’était pas de lui. Le
truc ingérable quoi…
Noctule.
H: Pour Jérôme AD, qui ne fait plus aujourd’hui partie
du groupe, c’est autre chose. Il était tellement investi dans les
Drama qu’il ne trouvait plus de temps pour travailler à nos compositions.
Mais, cette séparation nous a été profitable car elle nous
a poussé à nous remettre en question et à retravailler
à deux comme à nos débuts.
Quel
bilan tirez-vous de ces années, après trois démos et un
album ?
Mr
FABB: Au départ, nous ne voulions pas faire autant de démos,
mais après la première, le guitariste et le batteur ont quitté
le groupe car ils ne voulaient pas nous suivre dans une voie plus sombre et
plus électronique. Pour la deuxième, c’est le chanteur qui
nous a quitté et enfin pour 3ème Enfer nous voulions
avant tout préparer l’arrivée de l’album CD auprès
des radios et des fanzines. Cette démarche a plutôt bien fonctionnée
et Joa Slova est arrivé naturellement au bout de 3 années de travail.
Comment
a été accueilli votre premier album « Joa Slova » ?
Mr
FABB: Il a été très bien accueilli du coté
des fanzines et des radios, nous avons eu beaucoup de très bonnes chroniques,
notamment de Belgique. Mais paradoxalement, les distributeurs se sont montrés
plus froids à notre égard. On nous a souvent reproché de
ne pas correspondre à un style bien défini comme de l’électro
ou du gothique et que notre son n’était pas vendeur car il se trouvait
à la croisée des deux. On ne pouvait donc pas réellement
plaire aux « purs gothiques » ou aux « purs
fans d’électro ». Je trouve ça réellement
dommage et je ne comprend pas les distributeurs soi-disant « indépendants »
qui restent bloqués dix, voir même vingt, ans en arrière.
Ils ne prennent que des valeurs sûres cantonnées dans des ghettos
musicaux bien précis et ressortent les mêmes choses inlassablement…
Votre
son est hybride, entre cold-wave et des choses plus industrielles ou électro,
quelles sont vos influences ?
Noctule.
H: Notre son provient essentiellement du fait que nous composons toujours
nos morceaux à deux et que nous avons des influences musicales différentes.
Mr FABB écoute de la cold-wave ou de la musique gothique alors que moi
j’écoute plus facilement des groupes électro ou industriels…
Mr
FABB: Lorsque nous écrivons un morceau,
nous ne nous disons pas « tiens, je veux que cela sonne comme tel
ou tel groupe… » la composition nous vient naturellement.
Beaucoup de jeunes formations ne font que copier leurs groupes préférés
au lieu de chercher à créer leur propre son. Il faut réellement
jouer avec ses influences et en tirer quelque chose de positif. Le son de Noctule
Sorix provient certainement de groupes comme The Cure, Siouxsie and the Banshees,
Bauhaus, Front 242, Cassandra Complex, les Tétines Noires, Jad Wio ou
Garbage…
En
ce moment, ce serait plutôt Das Ich, Marilyn Manson, Nine Inch Nails,
LTNO ou Front Line Assembly, enfin bref des trucs un peu plus bourrins.
Noctule.
H: Nous aimons également des artistes comme Enki Bilal, Dave Mc Kean,
JK. Potter, HR Giger ou Joel-Peter Witkin. Leurs travaux nous influencent certainement
également car pour nous le visuel d’un groupe est très important.
Vous
préparez actuellement un second album provisoirement baptisé « SWEET
AZILUM », pouvez-vous nous éclairer sur son concept ?
Noctule.
H: « Sweet Azilum » sera le titre définitif
de cet album, le morceau d’ouverture qui porte le même nom est d’ailleurs
déjà enregistré et mixé. En fait, il va se présenter
comme une visite guidée dans un asile psychiatrique pour machines malades
ou dépressives… Le thème de la machine intelligente, qui
se rend compte qu’elle peut également avoir des pensées
et des émotions positives ou dans ce cas précis négatives,
nous tenait à cœur en cette fin de millénaire.
Mr
FABB: La littérature et le cinéma de science-fiction ont toujours
eu une grande influence dans notre vie et dans notre travail avec Noctule Sorix.
Déjà sur « Joa Slova » certains morceaux
comme U.F.O. ou Evil Song étaient empruntés à
la culture SF. Les morceaux de « Sweet Azilum » seront
tous très différents les uns des autres, comme il peut y avoir
différentes formes de folies, mais ils seront certainement tous très
mécaniques afin de coller au mieux à notre concept de base.
Cet
album sortira sur K@rbon
Production, une structure que vous êtes en train de créer, êtes-vous
intéressés par l’internet, et la culture cyber ? Etes-vous
au courant et participez-vous à l’activité net.goth (sites
web, Mailing list…) ?
Mr
FABB: Nos sommes en train de créer cette structure pour promouvoir
le groupe auprès des médias. Peu avant notre départ de
Gobo-Production nous nous sommes rendus compte que nous n’avions pas besoin
de cette association qui privilégiait les Drama au détriment de
notre travail et que nous réalisions déjà-nous même
toute la promotion du groupe. Il nous manquait juste un nom… Internet
est aujourd’hui un instrument de communication primordial et nous comptons
bien nous en servir comme tout autre média. En plus il est dans l’air
du temps et de plus en plus facilement accessible.
Noctule.
H: Nous possédons déjà notre propre site web ou l’on
peu également retrouver des informations sur les groupes Orphan et Cel !.
Il date un peu mais nous allons certainement le réactualiser d’ici
peu. Il y a quelques temps je m’étais intéressé aux
sites goth, notamment, Darkland of Tears, Twice On Gothic ou le vôtre
qui sont très bien fait. J’ai également visité les
sites de Labels et distributeurs, mais aujourd’hui je n’ai plus
réellement le temps de m’y intéresser de prés. Je
participe également à la réalisation d’un site informatif
sur la musique indépendante réalisé par Olivier Léonelli
de Cel ! et Eric Joyeux, un professionnel du web.
Avez-vous
essayé de contacter un label pour la production de « SWEET
AZILUM » ?
Noctule.
H: Non, en fait, nous avons contacté beaucoup de labels pour « Joa
Slova », mais très peu se sont montrés intéressés,
alors que cet album avait un fort potentiel commercial. « Sweet
Azilum » sera certainement beaucoup plus expérimental et donc
peu vendeur aux yeux d’un label ou d’un distributeur. Nous avons
toutefois signé avec Cleopatra Record qui voulait un morceau pour une
de leurs compilations, qui devrait sortir en mars 2000. On leur enverra l’album
et on verra d’ici là. Trouver un label n’est pas encore une
priorité pour nous car nous pouvons encore produire nos disques nous-même,
mais dans l’avenir nous devrons quand même réaliser la démarche
pour toucher un plus large public.
Beaucoup
de groupes français auto-produisent leurs disques, s’occupent de
la promotion et de la distribution, bref veulent tout faire, certainement un
peu au dépens de la qualité du travail, quel est votre point de
vue sur le sujet ?
Mr
FABB: Aujourd’hui, si tu n’as pas un CD entre les mains pour
contacter des labels ou des distributeurs, tu n’as pas beaucoup de chance
d’être écouté ou, voir même d’être
pris au sérieux. Les studios sont pratiquement inabordables pour les
groupes indépendants, c’est pourquoi beaucoup de groupes préfèrent
enregistrer chez eux et travailler avec leurs propre matériel. C’est
sûr que la qualité s’en ressent parfois. Pour la distribution,
je pense que c’est plus par nécessité que par envie. Comme
je te le disais plutôt, certains distributeurs sont hermétiques
et préfèrent attendre la sortie du troisième ou quatrième
album d’un groupe connu pour être sûr de vendre. Ils ne prennent
plus beaucoup de risques… Alors tu dois te débrouiller toi-même.
Noctule.
H: Je pense que cela va changer d’ici peu avec l’expansion d’Internet.
En tant que groupe indépendant tu auras accès au monde entier
pour promouvoir et distribuer tes disques, et sans que cela ne te coûte
trop chère. Sauf si les grands distributeurs soi-disant concurrents s’allient
pour empêcher la diffusion du son sur Internet et créer un monopole…
NOCTULE
SORIX a déjà fait quelques scènes, peut-on espérer
vous voir en concert dans les mois à venir ?
Mr
FABB: Nous avons surtout tourné dans notre région en première
partie des Drama. Sur Gobo-Production les dates sont réservées
exclusivement pour eux ! Pour le moment nous sommes surtout impliqués
dans l’enregistrement de « Sweet Azilum » et nous
ne pensons pas trop à la scène. Mais nous ferons certainement
des concerts pour la sortie du nouvel album d’ici le printemps 2000.
Noctule.
H: Nous avons également reçu différentes propositions
pour aller jouer en Belgique et en Allemagne. Nous allons donc y réfléchir
et pourquoi pas remonter un nouveau line up, ce qui ne va pas être très
facile car à Metz peu de monde s’intéresse à ce style
musical…
Pour
conclure, quels sont vos projets pour NOCTULE SORIX ? Je crois que certains
d’entre vous ont des projets musicaux parallèles ?
Mr
FABB: Finir l’enregistrement de « SWEET AZYLUM »,
le sortir pour mars/avril et organiser une tournée pour sa promotion.
Nous avons également participés à deux compilations CD
qui devraient sortir d’ici peu, celle de Cleopatra et une autre en Belgique.
Noctule.
H: Nous avons effectivement créé depuis peu une nouvelle formation
avec deux autres musiciens très talentueux. Ce groupe est beaucoup moins
électronique, beaucoup plus Pop et plus accès sur le live. Je
crois que nous avions envie de retrouver les ambiances de répétitions
de nos débuts. Mais à l’heure actuelle ce n’est qu’un
projet parallèle à Noctule Sorix. Un CD sortira probablement un
jour, mais nous ne savons pas exactement quand et sous quelle forme…
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