Le
trio originaire de la région toulousaine, vit désormais en région
parisienne, produisant une musique entêtante qui doit son originalité
à la rencontre de rythmes électro et de guitares coupantes. La
voix hypnotique de la chanteuse (Aline), celle distante du chanteur (Necdum)
apportent des colorations distinctes entre heavenly et coldwave. Formation à
part, hors du « réseau » gothique traditionnel,
NECDUM ERANT ABYSSY tire sa force d’une personnalité indépendante.
Pouvez-vous
nous parler de votre passé musical au sein du groupe NECDUM ERANT ABYSSY
ou d’autres formations ?
NEA :
Nous nous sommes rencontrés à Toulouse où nous avons
vécu pendant trois ans. Au club musique de notre école nous formions
un groupe de rock indépendant qui ensuite nous a permis de faire nos
premiers pas dans le cercle fermé des initiés du rock gothique.
Avec ce groupe : DIE SPENSTER nous avons fait des concerts sur la scène
toulousaine notamment dans les soirées étudiantes qui organisaient
des soirées gothiques. Vient la fin des études et la montée
de Necdum (L.Briand) sur Paris où il décide de remonter un groupe
avec une vocation plus pro et plus de moyens techniques. Les soirées
underground sont nombreuses et remotivent l’équipe à composer
sur de nouvelles bases plus électro. Eric Soccol (SPOK) qui tournait
en rond autour de son Epiphone depuis DIE SPENSTER, rejoint le groupe en 97
et s’impose alors en lead guitar à la manière physique dans un
corps à corps permanent sans concession.
Quel
est votre objectif au sein de NECDUM ERANT ABYSSY ?
NEA :
Notre formation crée une musique ciblée: musique gothique,
malgré nos formations musicales respectives: Eric guitare, Aline chorale,
Necdum piano, ceci parce que nous partageons cet attrait commun de l’esthétique
musicale d’une musique forte et profonde qui suscite en nous rêve et passion.
Qualifié parfois de groupe gothique romantique notre objectif est de
faire évidemment partager et peut être découvrir notre musique
mais avant tout nous avons besoin de faire danser les gens et partager notre
rêve d’une autre époque celle d’une musique authentique et non
commerciale.
Comment
vous situez-vous par rapport à la scène musicale actuelle ?
NEA :
Nous sommes évidemment hors du contexte musical commercial cependant
nous utilisons des rythmiques qui sont dérivées de rythmes techno
et trans-remixés .Au niveau des sonorités nous aimons travailler
aussi avec des harmonies des années quatre-vingts, cela donne un peu
plus de relief à la musique. La voix grave de Necdum s’impose sur les
harmonies délicieuses de la basse et du synthétiseur. Le synthétiseur
sert de deuxième voix amplifiant les rappels de refrains sonores. Nous
pensons suivre l’évolution de la musique actuelle uniquement grâce
à des moyens techniques d’aujourd’hui cependant le contenu de notre musique
s’inscrit dans une tradition de sonorité profonde et forte.
Personnellement,
votre musique m’évoque à la fois les atmosphères brumeuses
de la cold-wave (SOL INVICTUS première période) et certains aspects
de la musique électro-heavenly (DIE FORM). Qu’en pensez-vous?
NEA :
Il est vrai que la tendance actuelle est souvent de vouloir rapprocher ou
comparer la musique d’un groupe par rapport à la scène connue,
cependant nous avons comme objectif de composer une musique qui à la
fois nous est propre et complètement personnelle et dont la puissance
restera fondée sur le rythme et le son plutôt que sur le texte.
En effet si on recherche à nous comparer à une formation je dirais
que nous sommes musicalement proches de DIE FORM car nous avons un background
sonore assez technologique et une rythmique fondatrice, mais l’idée conductrice
ne saurait disparaître du sein imaginaire et convaincu que nous pouvons
créer: une atmosphère de réflexion.
Quelles
thématiques vous tiennent à cœur, de quoi parlent vos textes
?
NEA :
L’esthétique du monde actuel ne vaut que par son aptitude à
nous défaire de toute sensation rêvée au cœur même
de la matière. Je m’explique, quand vous regardez une construction ancienne
faite de pierre, d’argile et de sueur vous ne pouvez vous empêcher de
penser à ceux qui l’ont bâtie, leur mode de vie, leur pensée,
ce qu’ils y ont voulu associer, si bien que le rêve et le retour vers
le passé peuvent être lus sans être vus. L’instant n’est
cristallisé dans une statuette que si l’on ne la regarde qu’en passant,
la vie de ces auteurs se dévoile quand vous l’admirez. La signature vivante
des forces nous entoure et s’entoure autour de nos convictions que nous ne pouvons
qu’accepter dans nos textes.
Envisagez-vous
des concerts ?
NEA :
A la fois transmettre cette idée de non-absolu mais que tout ce que
vous pouvez créer est déjà vivant, nous nous proposons
dans nos concerts de diffuser la sensation de communion extrême que la
musique peut susciter en nous de partage non attendu et inavoué car dans
l’existence même de ces concerts nous invitons à partager la passagère
sensation d’immortalité. Après quelques exhibitions au cours de
l’année 1998 nous avons décidé de ne pas apparaître
avant la fin du millénaire pour n’en retenir que le meilleur.
Vous
êtes un duo, comment s’organise le travail ? Pensez-vous intégrer
d’autres musiciens dans le futur ?
NEA :
Le noyau central du groupe se spiralise sur Necdum et Aline qui partagent
certaines fois plus que la musique, Eric Soccol vient nous porter notre bannière
du haut de sa guitare, nous formons un groupe indivisible. Les rythmiques et
les harmonies sont écrites par Necdum, la basse est l’affaire d’Aline
qui, de plus en plus, utilise des échantillons qu’elle crée elle-même
et qu’elle transforme à volonté. Spok (Eric) lui reste fidèle
à un son de guitare saturée qu’il maîtrise mieux. Nous ne
sommes pas fidèles à un matériel particulier, nous aimons
changer de son ou plutôt évoluer dans notre création musicale
et nous n’hésitons pas à utiliser les moyens dernier cri. Nous
laissons cependant peu de place à l’improvisation, cela à cause
de la rigueur de Necdum. Nous pensons qu’il faut écouter plusieurs fois
nos compositions avant d’en découvrir le message.
N.E.A.
dispense un univers passablement macabre et hermétique, est-ce une volonté
consciente ?
NEA :
Nous ne pensons pas faire du macabre notre univers, ce n’est pas une volonté,
nous nous orientons plutôt vers un univers imaginaire de légende
où vie et mort sont présentes. Nous évoquons plutôt
dans nos chansons l’aspect incontrôlable de la vie que l’on peut s’imaginer
cristalliser dans des forces ou dans des pensées. L’univers intimiste
qui existe entre Necdum et sa chanteuse peut paraître en effet difficile
à percer mais aussi parce que nous ne voulons pas nous dévoiler
à outrance.
Quelles
ont été les réactions en France et à l’étranger
face à « ONDOYANCE » ?
NEA :
L’album a été bien accueilli sur Paris où nous avons
été écoutés dans les soirées gothiques branchées
et nous en sommes très satisfaits. En Belgique aussi, où deux
titres de « ONDOYANCE » sont intégrés à
une compilation de l’ « Ame électrique » qui
sort à la rentrée. Les distributeurs de gothique sont eux aussi
ouverts et nous sommes dans plusieurs catalogues: Allemagne (Glasnost Records),
France (Ombre Sonore). Les radios nous ont promotionné aussi: Roumanie,
Espagne, Belgique, quelques radios françaises etc… Le retour des écoutes
nous classe plutôt dans un romantisme noir, ce qui nous correspond intérieurement.
Quels
sont vos projets ?
NEA :
Nous promouvons aujourd’hui notre album et nous en enregistrons un nouveau
qui devrait sortir à la fin de l’année. Nous aimerions avoir plus
d’échanges avec d’autres groupes, échanger des idées de
musique, des disques, nous voulons aujourd’hui multiplier les opportunités
de voir se développer notre aventure permanente, celle de NECDUM ERANT
ABYSSY…
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