Rarement
une formation française aura connu un tel écho à l’étranger
(surtout en Allemagne), réussissant à tutoyer les grandes formations
gothiques sur leur terre d’élection. MORTHEM VLADE ART a démembré
la codification rigide du gothique, en composant une musique personnelle et
forte. Le groupe prépare actuellement son troisième album.

 

Pouvez-vous
nous raconter brièvement l’histoire de MVA, formation, discographie…
?

MVA :
Lorsque nous nous sommes rencontrés, nous avions tous les deux besoin
de changement. Gregg quittait son ancienne formation et je cherchais un compositeur.
MORTHEM VLADE ART est né de cette rencontre. Le premier album, « HERBO
DOU DIABLE » a vu le jour en 97, d’abord en autoproduction. Nous avons
travaillé pour le théâtre la même année en
créant la B.O. de trois pièces tirées du répertoire
du Grand-Guignol. Puis « HERBO… » a été réédité
sur le label allemand Pandaimonium Records en 1998. « ORGANIC »
a été enregistré durant l’été 1999 et est
sorti sur Pandaimonium en janvier 2000.

Comment
analysez-vous l’évolution entre « HERBO DOU DIABLE » et l’album
« ORGANIC… »?

MVA :
« HERBO » est sans doute plus underground de par la production
et les compositions. « ORGANIC » couvre un horizon musical
plus vaste, il est plus « aérien » mais aussi profondément
mélancolique. Nous aimons diversifier les couleurs quant aux sentiments
douloureux ou oppressants, ne pas s’enfermer dans des codes établis aussi
bien au niveau musical que visuel.

La
tension est comparable, les atmosphères sont tout aussi grandioses; en
fait, le nouvel album semble avant tout se distinguer du précédent
par sa production moins « gothic rock »? Est-ce que la thématique
a changé au niveau des textes?

MVA :
Oui, car ces deux albums sont concepts au niveau des textes. Nous ne pourrions
donc pas aborder deux fois le même sujet. Le narrateur d’ « HERBO…
» exprimait ses regrets quant à ses choix de vie et à son
manque de volonté. « ORGANIC… » aborde la relation
intime, complexe et parfois douloureuse du corps et de l’esprit. Son titre est
délibérément ironique car il en fait deux entités
distinctes à l’inverse du contenu.

Quelles
sont les formes artistiques, ou les artistes qui vous ont influencé et
vous influencent (littérature, cinéma, peinture…)?

MVA :
Le cinéma des gens comme Scorsese, Kazan, Tourneur, Powell…, des
acteurs comme Bogarde, Brando… , les symbolistes; les années folles.
Des auteurs comme Céline, Cendrars ou encore Straub…

De
quelle façon élaborez-vous un morceau?

MVA :
Tout dépend, celui d’entre nous qui a le plus d’inspiration. Parfois
la musique vient avant, parfois les textes. En général nous travaillons
ensemble autour d’une idée précise, un concept.

Vous
sentez-vous proche de la culture gothique au sens large (dimension artistique,
idéalisme, transcendance, fascination pour les aspects sombres et torturés
de l’être humain…)?

MVA :
Pensez-vous sincèrement que « les aspects sombres et torturés
de l’être humain » soient l’apanage de la « culture
gothique » ? Cet idéal, ces sentiments sont propres à
chacun et peuvent apparaître sous diverses formes, c’est un peu
dommage de vouloir les soumettre à un mouvement, une pensée unique.

Pouvez-vous
nous parler de l’accueil réservé à votre musique en France
et à l’étranger?

MVA :
Nous avons plus de succès à l’étranger où l’indépendant
est moins underground qu’en France « ORGANIC BUT NOT MENTAL »
est cependant très bien accueilli ici.


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