D’une
enfance cherbourgeoise corbeau-goth jusqu’aux expériences conceptuelles
récentes (« concerts sous la tente »)…,
voici une plongée dans l’univers psychotique-dadaïste-garage
de LT-NO/LES TETINES NOIRES, avec Emmanuel (ex-Comte d’Eldorado).
Un
peu d’histoire, peux-tu nous parler de ce qui t’as amené
à t’orienter vers la création musicale ?
Emmanuel :
Cela remonte à la petite enfance, mon père écoutait beaucoup
de musique, j’ai très vite été fasciné par
l’énergie du rock ; j’avais à 9 ans monté
avec des copains un groupe play back avec de faux instruments fabriqués
par nos parents et nous donnions des petites représentations payées
en bonbons. Je rêvais d’avoir une vraie guitare électrique.
J’ai eu ma première dans le sapin de noël lorsque j’avais
11 ans. Nous avons démarré les Tétines noires peu de temps
après en prenant un nom en dérision par rapport à notre
jeune âge, j’ai grandi avec ce groupe comme une idée fixe.
Foutraque,
arty, dada, batcave lubrique, parfois new-wave, LES TETINES NOIRES n’ont
jamais été figées dans un style défini(tif), qu’en
est-il de LT-NO ?
Emmanuel :
LTNO est un projet parallèle aux Tétines Noires ; il a sa
propre identité que nous voulions moins éclatée. La composition
a une base électronique, mais elle prise également dans une culture
Punk/Glam. C’était le concept de « GLOBAL CUT ».
Quelle
est la formation actuelle (studio et concert) ?
Emmanuel :
La formation sur scène est un peu différente de celle en studio.
LTNO est constitué de 2 personnes Entonie et moi-même ; le
principe est d’ouvrir le groupe à différentes collaborations.
Sur l’album nous avons travaillé avec DJ Ludo, (Deflo (programmation
additionnelle) Xvo (batterie, il vient du groupe ETHNICIAN) et Gregor Henze
(programmation additionnelle et batterie, ex Venus Prayer)
Sur
scène nous retrouvons DJ Ludo, un nouveau batteur (ex batteur du groupe
LA CHOSE) et le corps objet made in Marco ( Clone de made in Eric).
Sur
son dernier album, Christian Death a repris « Washing machine »,
qu’en pensez-vous ? Comment avez-vous ressenti le fait de monter
sur scène aux côtés de Valor lors de leur dernier concert
parisien ?
Emmanuel :
La reprise est excellente. Le nouvel album est très bon dans son ensemble.
J’étais évidemment très flatté par cette reprise,
j’étais un fan de Christian Death dès le début, je
n’aurais jamais pu imaginé cela lorsque j’écoutais
leurs disques il y a quelques années. Interpréter le morceau sur
scène avec Valor reste pour moi un grand souvenir, excitant.
Vous
sentez-vous proches de cette scène dark-goth-électro, de cette
culture ?
Emmanuel :
Bien sûr, c’est la base de ma culture musicale, j’aime son
esthétique, ses ramifications dans le cinéma, la littérature…
Avec
l’essor de cette sus-dite mouvance, vous avez bénéficié
d’une couverture médiatique nettement plus forte que par le passé
(RAGE, ROCK SOUND, ELEGY…), comment vivez-vous cette reconnaissance médiatique
si tardive ?
Emmanuel :
Le premier album des Tétines noires avait lui aussi reçu une large
couverture médiatique. Un certain nombre de magazines nous soutiennent
actuellement avec fidélité.
Quelle
est la part du projet artistique dans LTNO (du temps des Tétines Noires,
manifestes, concepts… étaient la marque de votre différence,
par rapport aux autres groupes wave de l’époque) ?
Emmanuel :
LT NO fonctionne avec des passerelles/collaborations. Il est pour nous important
de garder cet esprit d’ouverture de rencontre et d’expérimentation.
Nous avons travaillé avec Servo (informaticien graphiste) qui a réalisé
la plage CD Rom, elle est conçue comme un remixe aléatoire sonore
et visuel de l’album. Un graphiste « Pif » s’occupe
de l’ensemble du visuel du groupe ( affiches, tracts, merchandising…),
il colle parfaitement à notre esprit. Il y a bien sûr Made in Eric,
et le groupe machine molle qui s’occupe de projection vidéos sur
certains concerts.
Pouvez-vous
nous parler du contenu musical et conceptuel de votre album (thème, parti-pris
sonore…) ?
Emmanuel :
Comme Je l’expliquais précédemment, nous travaillons beaucoup
à partir des machines mais nous voulons y introduire la sauvagerie. C’est
pourquoi notre terrain de sampling a été la culture Punk/Rock/Glam,
ensuite nous y mélangeons des parties jouées, nous voulons aboutir
à quelque chose d’hybride, où l’humain est absorbé,
modifié, et où la machine dérape barge. Nous ne nous imposons
aucune limite dans le mal-traitement des sons. Nous voulions par opposition
au niveau graphique garder une certaine froideur, un certain mystère
en contradiction avec la matière assez rugueuse de la musique. Nous voulions
un jeu esthétique autour de l’objet de consommation et de ses codes.
Les titres de nos morceaux illustrent bien l’idée de cet album.
Sur lonely Planet Game (en référence au lonely Planet Boy des
New York Dolls) nous avons fait chanté l’ordinateur, il supplie
un rock’n roll suicide. C’est vraiment le bon exemple pour comprendre
l’esprit de Global Cut.
Quels
sont vos projets à venir ?
Emmanuel :
Une sortie internationale dans peu de temps, une 2ème tournée
au Canada avant la fin de l’année, une tournée en France
en Octobre Novembre ( tournée également avec le concept du Juke
Box Vivant) dans un circuit un peu différent : des galeries d’arts,
soirées Fétish… 2 morceaux clips. Un remixe du groupe JAD
WIO ( Priscilla) ; un projet de remixe également d’un titre
du nouvel album de CHRISTIAN DEATH ( ils sont en train de le finir). Enfin nous
travaillons sur une reprise mais c’est une surprise…
Actuellement
quels sont les groupes que vous écoutez, les artistes (toutes disciplines
confondues) qui vous inspirent ?
Emmanuel :
ATARI TEENAGE RIOT, SONAR, PAN SONIC, ORGY, APHEX TWIN, MARYLIN MANSON, ADD
N TO X, BUFFALO DAUGHTERS, DAS ICH, GODFLESH, LAURENT HO, JON SPENCER BLUES
EXPLOSION, LORDS OF ACID, TARWATER.
Vos
5 disques préférés ?
Emmanuel :
SUICIDE (« S/T »), VIRGIN PRUNES (« HERESIE »),
SEX PISTOLS ( « NEVER MIND THE BOLLOCKS »), THE STOOGES
(« FUN HOUSE »), EINSTURZENDE NEUBAUTEN (« HAUS
DER LUEGE ») cela peut dépendre des moments, il y en a beaucoup
d’autres…
Quelque
chose à dire à votre région natale ?
Emmanuel :
J’en garde un certain attachement, plutôt mental car j’y retourne
assez rarement. Je m’y suis adolescent énormément ennuyé,
je pense que son ambiance n’est pas totalement étrangère
à mes penchants sombres et mes goûts pour la littérature
fantastique, j’adore également Barbey D’Aurevilly. Longue
vie en tout cas à TRINITY, et à la scène Gothique de la
région.
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