BREATHLESS
reste un groupe malheureusement méconnu en France, réservé
par la force des choses aux initiés, les plus curieux auront certainement
repéré le nom de Dominic Appleton sur les pochettes de THIS MORTAL
COIL, les plus persévérants auront entrevu le même nom et
celui de Gary Mundy sur « THE SITTING ROOM » d’ANNE
CLARK. Hormis ces sporadiques apparitions au détour de collaborations,
le groupe anglais n’est apparu que rarement dans des revues, certains
se souviendront d’un article bref dans L’EQUERRE (au détour
des pages infos) ou d’un article et quelques chroniques dans PREMONITION.
En Angleterre le tableau n’est pas si noir, le dernier album en date a
même bénéficié d’articles dithyrambiques célébrant
la parenté entre SPIRITUALIZED et BREATHLESS. Distillant une musique
unique entre wave, éther et psychédélisme, aux confins
de la mélancolie et de l’onirisme, la formation londonienne n’a
eu de cesse de persévérer dans la voie étroite d’un
univers sonore personnel ; démontrant par la richesse et la cohérence
de sa discographie une persévérance et un talent que partagent
des groupes hors-normes comme THE LEGENDARY PINK DOTS ou DURUTTI COLUMN. Construite
avec intuition et sensibilité épidermique, le lyrisme fécond
de BREATHLESS emporte pour peu que l’on accepte l’envol et l’émotion.

Pourriez-vous
nous parler de l’histoire de BREATHLESS et de l’avant BREATHLESS
(A CRUEL MEMORY) ?

Ari:
Dominic et Gary avaient joué ensemble dans A CRUEL MEMORY avant BREATHLESS
et j’ai rencontré Dominic quand il est venu travaillé au
Virgin Megastore. Nous avons joué ensemble dans un autre groupe avec
un de mes amis d’école, mais nous nous sommes rendu compte que
nous n’aimions pas la direction que ça prenait et on a décidé
de laisser tomber pour former un nouveau groupe parce que nous aimions beaucoup
ce que nous faisions l’un l’autre. On a commencé à
écrire des trucs, seulement tous les deux, puis Dominic a mentionné
un guitariste qu’il connaissait et il m’a joué des trucs
de A CRUEL MEMORY que j’ai vraiment aimés et je lui ai dit qu’il
devrait faire venir ce guitariste (qui devait être Gary), on a fait notre
première répétition et c’est ainsi que BREATHLESS
est né.

Dominic:
A CRUEL MEMORY était un groupe dans lequel Gary et moi jouions depuis
l’âge de 16-17 ans. Nous n’avons jamais sorti quoi que ce
soit, on a fait quelques cassettes que nous vendions pendant les concerts que
nous organisions à Londres dans des endroits tels que Whiskey A Gogo
et on jouait pas mal au Croydon Warehouse Theatre , surtout quand on travaillait
avec ANNE CLARK. A cette époque, on aidait à faire des concerts
là-bas et comme vous le savez sûrement, nous avons enregistré
« THE SITTING ROOM » pour RED FLAME RECORDS , le premier
album d’ANNE CLARK.

Votre
nouvel album « BLUE MOON » semble être un retour
au passé, pas dans un sens négatif ou nostalgique mais plus en
tant qu’idéalisme magique, majestueux et persistant. Quel regard
avez-vous sur votre évolution, depuis la pop éthérée
et luxuriante de « BETWEEN HAPPINESS AND HEARTACHE » jusqu’au
sombre psychédélisme de « BLUE MOON » ?

Ari:
Je pense que « BETWEEN HAPPINESS AND HEARTACHE » n’aurait
pu être plus commercial et nous ne souhaitions pas dépasser ce
stade au risque d’en faire un album de pop pure et ce n’est pas
ce que nous voulions… aussi, parce que la façon dont on a fait « BLUE
MOON » nous a pris beaucoup de temps. Nous possédons en partie
un studio où Dominic et moi prenons part aux enregistrements, j’ai
suivi quelques cours à ce sujet, ainsi, parce que c’est notre propre
studio d’enregistrement, la manière dont cet album a été
fait était très différente : nous avons le luxe d’être
à même d’expérimenter sans avoir à nous soucier
de contraintes de temps. Nous apprécions toujours beaucoup « THE
GLASS BEAD GAME » ainsi que la musique de nos débuts, je suppose
donc que tout cela nous a conduit à « BLUE MOON ».
Je ne sais pas à quoi va ressembler notre prochain album bien que j’imagine
qu’il sera de la même veine que « BLUE MOON »
puisque c’est le genre de choses que nous écoutons maintenant.

Dominic:
Oui, je suppose que c’est exact. « BLUE MOON » a
sûrement été écrit de la même façon
que « THE GLASS BEAD GAME » puisque nous accordons moins
d’importance à la structure qu’au fait de se lancer dans
un voyage musical; je crois que c’était une sorte de décision
consciente. J’ai le sentiment que lorsque nous avons créé
« BETWEEN HAPPINESS AND HEARTACHE », nous étions
prisonniers de la structure, mais c’est le genre de choses que nous apprécions,
et nous sommes très fiers de « BETWEEN HAPPINESS AND HEARTACHE ».
Durant les années séparant les deux albums, je crois qu’on
voulait faire marche arrière et écrire de façon plus spontanée:
travailler sur la vibration, travailler uniquement autour des lignes de basse
par exemple, improviser, c’est de cette façon que ça s’est
développé . Pour l’écriture de « BLUE
MOON » , on s’est saisit de l’humeur des chansons parce
qu’à trop se soucier de la structure on peut perdre la magie initiale
du morceau.

Est-il
préjudiciable d’être connu en tant que groupe ayant un chanteur
de THIS MORTAL COIL ?

Ari:
En fait non, parce que de toute évidence ça nous a apporté
un public bien plus grand et comme tu le dis, si Dominic n’avait pas été
sur les albums de THIS MORTAL COIL, les gens n’auraient peut-être
pas entendu parler de nous, alors bien sûr ce ne peut être néfaste.
Mais je n’aime pas l’idée que les gens pensent qu’on
ressemble à THIS MORTAL COIL seulement parce que Dominic a travaillé
avec eux. Au départ, c’était il y a bien longtemps et les
choses dans la musique ont changé, mais je veux dire qu’à
l’époque où « SONG TO THE SIREN »
est sorti, j’ai pensé que c’était l’une des
choses les plus brillantes que j’avais jamais entendues. Je pense que
les choses ont évolué et que aujourd’hui, les disques sonnent
différemment en terme de production et que par conséquent les
gens peuvent être déçus ou surpris en achetant « BLUE
MOON » si ils s’attendent à ce que l’on ressemble
à THIS MORTAL COIL, bien qu’il y ait évidemment des éléments
de similitude.

Dominic:
Je ne pense pas que l’on puisse se plaindre d’être associés
à THIS MORTAL COIL. Je crois que beaucoup de gens ont pu entendre parler
de BREATHLESS par ce biais et de toute évidence, c’est une bonne
chose. Le seul aspect négatif à cela pourrait tenir au fait que
THIS MORTAL COIL est solidement attaché au phénomène des
années 80 et que ce n’est pas génial d’être
lié à cela même si nous avons réellement fait partie
de ce mouvement. J’espère seulement que ce que l’on fait
maintenant semble bien à des oreilles contemporaines. Nous avons changé
et la musique aussi; j’espère qu’on ne sera pas catalogués
«nostalgie des années 80».

Que
pensez-vous du travail de ANNE CLARK? Aimez-vous sa musique mélancolique
faite en collaboration avec MARTYN BATES sur la poésie de RAINER MARIA
RILKE ?

Dominic:
Pour être honnête, je n’ai pas vraiment suivi sa carrière
donc je ne peux offrir d’avis judicieux. Je l’ai vue il y a quelques
années, elle m’a donné des trucs qu’elle faisait à
l’époque et musicalement c’était super, elle a travaillé
avec des musiciens vraiment très intéressants.

Votre
musique offre un parfait reflet d’alchimie musicale : douce, naturelle,
spontanée et inspirée. Comment procédez-vous pour créer
?

Ari:
Nous créons de la musique de deux façons. La première est
d’aller au studio, l’un de nous avec un riff de guitare ou autre
chose et ensuite on improvise à partir de cette idée, probablement
pendant une demie heure ou trois quarts d’heure, puis on enregistre ;
on repère les meilleurs passages et on essaie de les recréer.
Bien que dans le cas de No answered prayers nous n’avons enregistré
que de l’improvisation, on a retiré les parties qui nous déplaisaient,
ce qui nous a laissé environ dix minutes de musique auxquelles Dominic
a ajouté sa voix. Mais c’était la première fois que
nous faisions ainsi, la première fois que nous en avions la possibilité,
la première fois que nous écrivions réellement dans un
studio d’enregistrement au lieu d’uniquement enregistrer. L’autre
façon d’écrire de la musique est que quelqu’un vienne
avec une idée plus structurée et sachant en gros ce qu’il
attend des autres instruments et nous travaillons sur les chansons comme ça.
L’album instrumental « MOONSTONE », l’album
gratuit allant avec « BLUE MOON », c’est seulement
Dominic, Gary et moi. Pour la moitié de celui-ci tous les trois avons
joué du clavier, je dois dire que je ne peux pas jouer du clavier pour
sauver ma vie, je n’ai aucune idée de l’endroit où
se trouvent les notes par exemple donc ce fut une approche totalement spontanée,
mais 50% des morceaux de « BLUE MOON » sont des choses
que nous enregistrions alors que nous les écrivions ou improvisions et
on conservait beaucoup ou peu de cela par la suite.

Dominic:
On écrit en travaillant et en improvisant autour d’une idée
de départ par conséquent quand on commence, les chansons peuvent
durer une demie heure voire même peut-être une heure! J’aime
la façon dont on a écrit « BLUE MOON » et
j’aime la façon dont on écrit maintenant qui est naturelle,
c’est une chose organique, spontanée. Vous (TRINITY) appelez cela
de l’alchimie musicale et je pense que c’est une jolie façon de
le dire, je crois que c’est ce que nous essayons de redécouvrir.

Sur
le nouvel album, il y a moins d’écho sur la voix, quelques fois
elle est noyée sous la musique, le rythme est moins débridé,
allez-vous à nouveau dans un futur proche créer une musique ayant
un élan épique et romantique, ou allez-vous continuer sur la voie
de « BLUE MOON » ?

Ari:
La profusion d’échos sur la voix était une technique
très employée dans les années 80, mais maintenant les sons
sont d’avantage Lo-Fi et à présent les échos sur
la voix sont datés. De plus, Dominic est plus confiant à propos
de son chant et ne ressent probablement plus le besoin de se cacher derrière
des échos. Je n’avais jamais vraiment réfléchi à
la frénésie du rythme auparavant, ce n’est certainement
pas quelque chose que nous avions prévu ou quelque chose de conscient.
Je suppose que notre musique a pris de l’ampleur. Ca fait si longtemps
que nous jouons ensemble que nous sommes plus à l’aise les uns
avec les autres; on n’a pas l’impression de devoir jouer au même
moment, on peut laisser son tour à l’un ou à l’autre
et savoir que tout ne va pas s’effondrer si quelqu’un arrête
de jouer.

En
fait, au sujet de sentiment romantique, je dois dire que pour moi, Goodnight
est la chose la plus romantique que nous ayons jamais écrite, les paroles
assurément…

Dominic:
Je ne crois pas que nous ne pourrons jamais cesser d’être romantiques,
ça semble toujours tourner ainsi. Tu utilises le mot «épique»,
je suppose que nous avons perdu de cela mais c’est seulement la façon
dont le groupe a mûri. Je crois que nous sommes plus subtiles dans la
façon de le faire, du moins j’espère que nous le sommes.
C’était les années 80 et maintenant c’est maintenant.

Persévérer
sur les traces de « BLUE MOON »… Nous écrivons
de manière identique mais j’ai l’impression qu’on avance.
J’ai plutôt envie d’explorer ce qui s’apparente à
des bandes son, à des sortes de paysages sonores, je vois les choses
devenir plus ambiantes, mais en même temps j’aimerais que ça
soit plus expérimental et explorer de nouvelles possibilités.
Il n’y a pas de plan préétabli, on devra se contenter de
voir comment ça évolue.

Etre
comparés à SPIRITUALIZED doit vous rendre quelque peu amers, considérant
que vous faisiez le même genre de musique quinze ans plus tôt avec
une alchimie bien plus grande entre la voix et les instruments.

Ari:
On a un dicton en anglais, je ne sais pas si vous avez l’équivalent
en français, qui dit que «l’imitation est la plus grande
forme de flatterie». De plus, dans toutes les revues où nous avons
été comparés à SPIRITUALIZED, tous ont dit la même
chose que vous, à savoir que nous étions les premiers. J’aime
beaucoup la musique de SPIRITUALIZED et avant eux celle de SPACEMEN 3, je crois
que bien souvent les gens font la même chose au même moment sans
se connaître, c’est probablement que dans un premier temps, SPACEMEN
3 et nous même avons écouté et avons été inspirés
par les mêmes disques.

Dominic:
Je ne suis pas particulièrement amer d’être comparé
à SPIRITUALIZED. En fait je pense que c’est plutôt agréable
qu’il existe un groupe auquel on peut s’identifier. Bien que je
ne m’associe pas complètement à eux, en nous identifiant
à ce mouvement les gens ont au moins une idée de ce à quoi
on ressemble avant même de nous avoir entendu. J’espère que
nous serons reconnus comme les parrains de tout cela.

Le
soi-disant rock océanique a émergé à la fin des
années 80 avec des groupes tels que LOOP, OPAL, MAZZY STAR, UNDERGROUND
LOVERS, SLOWDIVE, ELYSIAN FIELDS ( ainsi que les GODFATHERS, les COCTEAU TWINS,
HUGO LARGO ou A.R. KANE… ). Vous sentez-vous proches de ces groupes ?

Ari:
A l’époque, j’aimais beaucoup LOOP et SLOWDIVE et j’aime
encore beaucoup MAZZY STAR ainsi que les COCTEAU TWINS, mais comme vous le savez,
beaucoup de ces groupes soit n’existent plus, soit n’ont pas sorti
de disques depuis longtemps. Depuis lors il y a eut pas mal de groupes que j’ai
davantage écoutés comme GALAXY 500… Je ne sais pas si j’ai
été influencé par ces groupes, je veux dire que j’aime
bien MAZZY STAR, j’apprécie LOOP ou encore les COCTEAU TWINS, mais
je pense avoir probablement été tout autant influencé par
CAN, les PINK FLOYD et le VELVET UNDERGROUND, par des gens comme ça.
J ‘ai toujours aimé la musique des années 60, ce genre d’attitude
et d’approche, cette liberté, le fait que les chansons soient peu
structurées, tout ceci a eu une grande influence sur notre musique parce
que quand nous avons commencé tout était très produit,
les solos de guitare étaient complètement démodés.
A présent les choses ont changé mais je suppose que c’était
une sorte de cadre pour notre musique, ça nous a permis de comprendre
que nous n’avions pas à nous conformer aux idées des années
80 parce que des personnes avaient fait différemment par le passé
et que leur musique était bien.

Dominic:
Je n’avais jamais entendu le terme de rock «océanique».
Quelques uns des groupes que tu as mentionnés comme MAZZY STAR et les
COCTEAU TWINS sont des groupes que j’aime et il est dur de savoir à
quel point ils ont influencé ce que nous faisons mais je n’ai pas
l’impression qu’on partage une quelconque identité avec ces
groupes… Les COCTEAU TWINS en particulier, je maudis vraiment le jour où
ils se sont séparés et ils me manquent. La voix d’Elizabeth
Frazer est fantastique mais comme je te l’ai dit, je ne connais pas l’importance
de leur influence sur nous. La lecture de cette liste est vraiment intéressante
parce qu’il y a un ou deux groupes comme ELYSIAN FIELDS ou HUGO LARGO
que je n’ai jamais entendus pour être honnête, je me demande
à quoi ils ressemblent.

De
quelle façon le psychédélisme entre dans votre travail
et dans votre monde artistique ?

Ari:
Le psychédélisme occupe une place importante dans notre musique
dans la façon dont on se présente sur scène, on joue sous
un lavis de films abstraits aux couleurs très vives mais aussi dans notre
son. On aime tous des groupes comme les PINK FLOYD, CAN et je crois qu’on
peut entendre leurs influences dans notre musique, même si bien sûr,
j’espère qu’on a réussi à y ajouter des éléments
contemporains. Comme je l’ai mentionné plus tôt, la façon
dont nous écrivons et structurons nos chansons est très influencée
par les années 60 tout comme le sont l’humeur et la longueur effective
de nos chansons. Je crois qu’il est drôlement difficile de ne pas
être sous l’influence d’un mouvement qui a produit une musique
de cette qualité et qui avait l’air si cool…

Dominic:
Je n’ai jamais été très sûr de ce qu’est
le psychédélisme. En terme d’élargissement de l’esprit
ou d’exploration de la conscience, je pense que c’est ainsi que
nous écrivons ce qui explique pourquoi nous portons cette étiquette
de psychédélisme. Je veux dire que lorsque tu penses à
psychédélisme tu penses couleurs intenses, sons intenses et je
vois assurément des couleurs quand je nous écoute. Je pense que
c’est bien d’envisager le psychédélisme comme une
sorte d’expérimentation sans limites et c’est la manière
dont on écrit de la musique. Nous n’avons aucune règles
sur la façon dont une chanson doit être on pas, nous laissons seulement
la musique nous porter et c’est peut-être un élément
de psychédélisme dans BREATHLESS.

Il
y a une sorte d’aura rituelle dans votre musique comme si vous créiez
de la musique en tant que célébration dans le sens sacré
du terme. Voulez-vous en parler ?

Ari:
J’ai toujours trouvé que la musique était très
cathartique et très apaisante. Quand tout dans le monde va de travers,
la musique est d’une certaine façon un grand réconfort spirituel.
La musique est notre moyen d’expression, depuis la tristesse jusqu’au
bonheur, ou la célébration de la vie et de l’amour donc
je suppose que dans ces conditions c’est une célébration,
que ce soit dans un sens sacré on non je l’ignore parce que je
ne suis pas très religieux dans un sens traditionnel, je ne peux pas
vraiment me prononcer.

Dominic:
Nous possédons un son très défini qui est nous quatre unis
dans la musique, et c’est vraiment une expérience cathartique que
nous apprécions tous. Il y a des moments en répétition
où nous dérivons tout simplement, çà ne tient pas
du rituel, c’est, je pense, une volonté partagée de s’échapper,
c’est beau.

Pour
quel genre de musique ou pour quels groupes (récents ou non) pourriez-vous
«mourir» ?

Ari:
Mon artiste préféré a toujours été NEIL YOUNG
et ce depuis un certain temps. J’aime beaucoup HOLE même si leur
dernier album est un peu décevant (mais je pense que c’est dû
à la production parce que ce qu’ils ont fait sur scène était
génial). J’aime beaucoup GALAXIE 500, CAN, les PINK FLOYD et le
VELVET UNDERGROUND, je pense que ce sont là les principaux. J’aime
aussi les BARDO POND, LOW, PAVEMENT. J’apprécie pas mal de musique
américaine essentiellement parce que j’aime les grosses guitares
et que pour ça, les Américains sont très forts. Mais en
ce qui concerne la musique pour laquelle je pourrais mourir, je ne mourrais
que pour la mienne ou celle de BREATHLESS.

Dominic:
CAN, NICK DRAKE, les COCTEAU TWINS, magnifiques! Des trucs comme PATTI SMITH
ou TELEVISION, les groupes New-Yorkais et, bien évidemment le VELVET
UNDERGROUND, sont des choses avec lesquelles j’ai grandi et qui influencent
certainement la façon dont j’entends la musique. Dans la musique
récente, je ne vois pas grand chose. Il y a un groupe qui s’appelle
ISAN et qui a sorti des singles incroyables mais l’album est très
décevant, en dehors de cela, je ne vois pas.

J’aime
bien le «space rock électronique» qui circule en ce moment,
STEREOLAB ont été très biens pendant un temps, ils font
toujours des trucs étranges et merveilleux, mais rien à part ça.

Etes-
vous intéressés par d’autres aspects de la création
artistique ?

Ari:
Oui, beaucoup. Pour moi, la musique est ce qu’il y a de plus émouvant
mais j’aime le cinéma, j’aime lire et j’aime la peinture,
c’est à dire la peinture d’autres personnes. Je fais aussi
des films. Quand on joue sur scène on projette des films que j’ai
faits en super 8. Je pense que le côté visuel est très important
et comme tu le sais probablement, deux des groupes que j’ai mentionnés
soit les PINK FLOYD et le VELVET UNDERGROUND utilisent des effets de lumière
et des films pour produire un effet génial. La musique et les images
fonctionnent très bien ensemble et selon moi, les meilleurs réalisateurs
sont ceux qui parviennent à évoquer une ambiance en combinant
les deux. En dehors des films, j’ai fait quelques pochettes pour nos disques
et bien que je me sois bien amusé à le faire, ça n’a
rien de comparable avec le plaisir que je retire de l’écriture
et du fait de jouer de la musique.

Dominic:
Des tas de choses artistiques m’intéressent , la peinture, le cinéma,
la poésie, les romans, etc, mais aucune ne m’émeut autant
que la musique et pour être honnête, je n’aspire à
explorer aucun débouché de la création hormis la musique.
J’aimerais certainement mieux connaître la vidéo par exemple
et créer des trucs pour le groupe mais ma créativité artistique
est concentrée sur l’écriture des paroles et de musique.
Je dois dire que j’ai vraiment aimé travailler pour les compagnies
de représentation artistique telle que Robert Paccitti et que c’était
très inspirant. Ecrire des bandes son serait un travail agréable,
avoir un élément extérieur servant de marchepied pour rebondir
est bien, une collaboration avec d’autres artistes serait la bienvenue.
Je travaille avec THE DIVINE DAVID pour qui je crée des morceaux sur
lesquels il danse et fait des performances, j’aime beaucoup ça
ainsi que faire le DJ pour lui.

Connaissez-vous
la scène musicale dark (darkwave, gothique, éthérée)
? Des groupes français ?

Ari:
Je n’ai jamais vraiment tellement entendu de groupes français.
C’est terrible parce que en Angleterre on entend seulement de la musique
anglaise ou américaine et donc, tu n’as pas trop l’occasion
d’entendre de la musique provenant d’autres pays( bien que j’aime
vraiment STEREOLAB dont la chanteuse est française, je ne sais pas si
ça compte). Je ne sais pas quels groupes sont considérés
comme darkwave ou gothique ou si aucun des groupes que j’ai mentionnés
tombent dans cette catégorie, bien que j’imagine que beaucoup d’entre
eux comme MAZZY STAR ou les COCTEAU TWINS pourraient être décrits
comme éthérés.

Dominic:
Je suis navré mais je n’y connais pas grand chose. Pour ce
qui est de l’ « éthéré», j’aime
les COCTEAU TWINS et BRIAN ENO, en revanche pour les groupes gothiques ou darkwaves
je n’y connais rien… Je peux juste me souvenir de groupes tels que BAUHAUS
et DANSE SOCIETY qui sont trop théâtraux à mon goût.
BREATHLESS a plus d’âme, c’est moins théâtral,
c’est seulement quatre personnes s’éclatant à faire
de la musique.

Existe-t-il
une chance de voir Dominic chanter avec d’autres artistes (sur 4AD, en
duo avec des voix féminines) ?

Dominic:
Pour l’instant il n’y a aucun projet allant dans ce sens mais qui
sait…

Quels
sont vos prochains projets ( concerts, disques, site web…) ?

Ari:
Et bien, des disques. Nous avons commencé à travailler sur l’écriture
de notre prochain album, espérons que ce sera moins long que le dernier.
Avec « BLUE MOON » on a écrit, enregistré
un album entier et puis on l’a abandonné parce qu’il ne nous
plaisait pas et on a recommencé; on peut espérer que nous ne connaîtrons
pas la même crise et que nous finirons celui-ci beaucoup plus vite. On
projette de sortir un single vers la fin du printemps, probablement une version
de Walk down the water avec une version complète de Goodnight,
ainsi que deux nouveaux morceaux instrumentaux. Nous espérons retourner
en Amérique en juin pour faire quelques shows et aussi, jouer à
Londres au moment de la sortie de notre single. En ce qui concerne le site web,
c’est quelque chose dont on a beaucoup parlé. Il y a quelqu’un
en Amérique qui fait un site BREATHLESS, ça a l’air pas
mal du tout, mais on aimerait en faire un nous-mêmes où on pourrait
vendre des disques parce que les gens ont du mal à trouver nos disques
en dehors de l’Angleterre, ce serait un bon moyen pour que notre musique
soit entendue, alors oui, c’est vraiment quelque chose que l’on
projette de faire.


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