Groupe : Erblast
Album : VI
Date : 2001-08-01
Label : Zeitbomb
Distributeur :
Format : CD
Durée :

Au
départ, Erblast était le projet solo d’Oswald Henke, le chanteur
deGoethes Erben. Le nom du groupe ( » Erblast  » :  » le fardeau
de l’héritage « ) n’a aucun lien avec l’héritage de l’histoire
allemande comme on aurait pu le supposer, puisque ce fardeau se rapporte en
fait au groupe Goethes Erben. Oswald, se sentant limité par le concept
des  » Héritiers de Goethe « , à savoir un théâtre
musical chanté exclusivement en allemand, a créé Erblast
en mars 1995 pour faire tout ce qu’il ne pouvait pas faire avec Goethes Erben.
Les deux premiers albums (« I » et  » II « ) étaient
donc présentés comme le projet solo d’Oswald Henke, bien que d’autres
musiciens y participaient. Avec ce troisième album, Erblast passe du
statut de projet solo à un trio composé, en plus d’O.Henke, de
Juliane Ihl (ex. Jungschnecken, actuellement membre de Skeksis) et de Tim Hofmann.
La violoniste attitrée de Goethes Erben, Susanne Reinhardt, y participe
également. Ne vous fiez pas au titre, cet album n’est pas le sixième
d’Erblast, mais le troisième. Différent des deux précédents
car se rapprochant plus de Goethes Erben par le côté intimiste
et les émotions qu’il évoque, cet album, plus varié que
ses prédécesseurs sur le plan musical, reprend le thème
du couple qui avait été longuement abordé dans l’album
 » Kondition : Macht !  » de Goethes Erben. La sensualité est
ici à l’honneur à travers des textes qui retrouvent un rôle
central pour ce concept mêlant désirs, pulsions, nostalgie, don
et prise de possession de l’esprit et du corps de l’autre. Cependant la nostalgie
n’est plus aussi torturée qu’autrefois, Oswald Henke se tournant vers
l’avenir pour laisser le passé en arrière et aller à la
rencontre de la nouveauté. La peau, élément qui éveille
les sens entre tous, fait donc partie de ce voyage vers l’inconnu. Outre le
toucher, l’odorat et le goût sont également au rendez-vous avec
des phrases énigmatiques du genre  » Gott ist ein flüssiges
Nektargas  » ( tirée du morceau  » Alienhonig  » ) : »
Dieu est un nectar gazeux liquide « . Il s’agit en fait d’une odeur indescriptible
représentée de façon abstraite : si elle était liquide
et buvable, cette odeur correspondrait au  » miel de l’Alien  » (  »
Alienhonig  » ), donc le miel de l’étranger, de l’autre ( cf. la
reprise de  » Some kind of stranger  » des Sisters of Mercy ), le miel
évoquant tous les liquides organiques sécrétés par
le corps au cours de l’acte sexuel. Quant à Dieu, selon Oswald, il est
présent en tout être humain, non pas en termes de religion mais
en termes de création, d’une appropriation de la vie, c’est à
dire que chacun doit prendre sa vie en main pour en faire quelque chose de positif.
Ainsi, nous serions tous des créateurs en puissance, capables de modifier
la vie et le monde dans lequel nous vivons. Tout l’album est consacré
au  » véritable rituel de la vie  » (  » das wahre Ritual
des Lebens  » ), ou plus simplement au sens de la vie, ce que l’on veut
en faire et ce que l’on veut atteindre… Projet ambitieux ! Musicalement, cet
album mettant plus en avant les textes et le concept décrit plus haut,
les sons sont ici pour accompagner les paroles. La reprise ( en allemand ) de
 » Some kind of stranger  » ouvre l’album. Sur la plupart des autres
morceaux, la voix de Juliane Ihl plane aux côtés du chant parlé
d’Oswald Henke, car ici l’altérité n’est pas synonyme d’adversité
mais de complémentarité. Les mélodies portent le concept
de l’album de façon parfois rituelle, parfois très douce… La
guitare sur  » Zweiglücksamkeit  » (qui est presque une ballade)
rappelle le titre  » Staub  » d’Artwork ( en moins triste ). Cet album
est très harmonieux, avec beaucoup de piano, de guitare et des nappes
de synthé qui forment comme une vague qui vient et se retire. Même
sur  » Rotsüsse Tränen « , le morceau le plus bruitiste de
l’album, le synthé vient adoucir le mélange de sons et de voix
trafiquées. Le rythme est parfois régulier, parfois plus rapide
et même dansant ( » Bittermandelblick « ), mais ne brise jamais
l’harmonie. L’album se termine par le titre  » Es ist…  » : le plus
pur désir,  » c’est la vérité que personne ne comprend
 »  » Es ist die Wahrheit, die niemand versteht  » ), alors que
l’esprit est éteint par un baiser, déconnecté de la réalité…
Du plus pur désir au plus pur plaisir, il n’y a qu’un pas à franchir,
en écoutant cet album, bien sûr ! Erblast ne donneront pas de concert
en 2001, le temps et l’argent consacrés à Goethes Erben ne permettant
pas au groupe de se produire cette année. Le prochain album d’Erblast
sera enregistré l’été prochain à Münich et
sa parution est prévue pour janvier 2002. Il porte pour l’instant le
titre  » XIII « . En attendant, vous pouvez vous consacrer au  »
véritable rituel de la vie  » et méditer en écoutant
ce superbe album. Pour plus d’informations, vous pouvez également visiter
le site officiel du groupe (rédigé exclusivement en allemand),
sur lequel vous trouverez la discographie complète d’Erblast, des photos,
les textes de certains morceaux, des MP3…). L’adresse est la suivante : www.erblast.de

Catégories : Chroniques

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