Le
groupe de Sheffield a accepté de répondre à quelques questions
concernant son passé son présent et son avenir, un complément
idéal à la rétrospective incluse dans TRINITY n°3.

 

Quel
est le sens de IN THE NURSERY ?

Nigel
Humberstone: Longtemps, nous avons préféré l’abréviation
ITN, à la place du nom complet IN THE NURSERY, qui avait été
choisi pour refléter la nature des thèmes qui nous intéressaient
lorsque nous avons fondé le groupe en 1981. Les choses ont sans aucun
doute changé mais cela rappelle toujours que les années d’apprentissage
sont très importantes dans la vie des enfants en regard de leur condition
future : l’éducation, l’expérience, les rapports parents-enfants
et les souvenirs qui s’y rattachent représentent ce à quoi se
réfère la formule « in the nursery ». Je
persiste à croire que c’est encore sensible aujourd’hui.

Comment
en êtes-vous arrivé à l’idée de combiner des éléments
de musique classique à la cold-wave ? Aviez-vous une expérience
personnelle en musique classique lorsque vous avez commencé IN THE NURSERY
?

Klive
Humberstone: Nous avions une connaissance et une compréhension très
limitées de la musique classique lorsque nous avons commencé à
faire de la musique. C’est seulement vers 1985 que nous avons incorporé
des éléments classiques et orchestraux. L’évolution a semblé
très naturelle, nous étions incroyablement frustrés par
les limites de l’instrumentation guitare électrique-basse lorsque l’on
nous a fait découvrir un « logan string machine keyboard »
(clavier capable d’imiter les instruments dits classiques…). J’ai commencé
à assister aux représentations de concerts de musique classique
au Sheffield city hall, lors desquels j’ai été instantanément
frappé par l’utilisation des timpani et tambours militaires, cela m’a
poussé à envisager différentes manières d’introduire
ces éléments dans l’univers sonore de IN THE NURSERY. Nous voulions
étendre les possibilités des percussions orchestrales en faisant
fusionner des arrangements pour cordes classiques à des rythmes contemporains.

La
violence et l’énergie percussive ont disparu depuis quelques années
dans votre musique, quelles en sont les raisons ?

Klive:
Non, en aucun cas, en fait les performances scéniques de IN THE NURSERY
reprennent la totalité de l’arsenal orchestral percussif (tympani, tambour…).
Dans le cadre des enregistrements studio, et à chaque nouvel album, nous
choisissons ce qui convient le mieux à son ambiance musicale. Les récents
enregistrements de musiques de films n’ont pas nécessité de lourdes
percussions, mais il est plus que probable que le prochain album studio de IN
THE NURSERY comprendra beaucoup de percussions et de tambour.

 

Par
le passé vous avez réalisé des films vidéo pour
illustrer « WHEN CHERISHED DREAMS COME TRUE », actuellement
vous produisez des musiques de films. Etes-vous toujours intéressés
par la réalisation de vidéo ou de films ?

Klive:
Cela sera possible lorsque nous rencontrerons un réalisateur adéquat
avec qui collaborer. La vidéo « CHERISHED DREAMS »
a été filmée, éditée et produite en 1982
lorsque j’étais étudiant en Art… le support vidéo n’est
pas mon mode d’expression préféré actuellement, je préfère
l’apprécier en tant que spectateur.

Que
devient votre tambour Q ?

Klive:
Il est toujours dans notre entourage et participe aux concerts d’IN THE
NURSERY bien qu’il vive désormais à Newcastle. Il nous rejoint
à l’occasion des concerts, dernièrement lors de la tournée
« LINGUA TOUR ».

Dolores
a-t-elle des projets solo, des collaborations vocales en cours ?

Dolores
n’est pas ici actuellement, elle passe six semaines en Asie pour son travail.
Mais nous pouvons répondre à sa place et dire qu’en ce moment
Dolores a tout juste assez de temps pour travailler avec nous en studio et nous
rejoindre lorsque nous donnons des concerts.

Pourquoi
avez-vous arrêté de chanter pour IN THE NURSERY ? (Question
adressée aux deux frères).

Klive :
En fait nous n’avons pas arrêté mais l’occasion ne s’est pas présentée
lors des derniers enregistrements. C’est étrange car sans cette interview
nous ne nous serions pas poser la question. Cela nous pousse à nous justifier,
à trouver les raisons, à peser le pour et le contre…

Nigel:
Les premiers morceaux d’IN THE NURSERY, plus particulièrement ceux de
« WHEN CHERISHED DREAMS COME TRUE » représentent
un ensemble qui repose sur de nombreuses années durant lesquelles nous
en avons écrit les textes, pensées et poèmes. Depuis, la
musique en elle-même est devenue notre principal moyen d’expression, nous
nous considérons p1utôt comme des musiciens que comme des auteurs-interprètes.

Quels
genres de musique écoutez-vous, actuellement ?

Klive:
En ce moment nous écoutons très peu de musique, hormis la nouvelle
bande sonore que nous composons (ndlr : « THE MAN WITH A MOVIE
CAMERA »). Les CD’S qui sont en ce moment dans le lecteur de la voiture
sont: THIS MORTAL COIL, THE BELOVED, THE ALOOF, Scott WALKER (l’intégrale),
« CAFE DEL MAR vol.4 » et le coffret JOY DIVISION.

Vous
sentez vous proches des musiques dites heavenly, néoclassiques ou dark-symphoniques
(COLD MEAT INDUSTRY, JACK OR JIVE, AGONIJE, AUTOPSIA…) ?

Klive :
Non…

Nigel:
Tous ces genres de musiques ne veulent pas dire grand chose pour nous et nous
n’avons aucunes connections ou influences communes. Pour nous, ces termes sont
seulement représentatifs de la façon dont les médias « stéréotypisent »
les mouvements et catégorisent la musique.

L’aspect
conceptuel de « LINGUA » repose sur le langage. Pouvez-vous
nous parler du rapport entre sens/son/forme des mots issus de langages modernes
ou anciens, de votre réf1exion sur le sujet sur votre album « LINGUA »
?

Nigel:
Cela est souvent dit, mais n’en est pas moins vrai: la musique est un langage
universel. Nous avons toujours considéré la voix comme un instrument
comme les autres, le considérant comme un élément de notre
musique. « LINGUA » est une tentative de travail sur des
langages mystérieux, leurs tonalités variées, leurs timbres
et leurs caractéristiques rythmiques. Les contributions vocales sont
de multiples origines: issues de contacts et d’amis au Mexique, au Japon et
en Italie, mais aussi de notre travail avec Dolores Marguerite C. Nous avons
sélectionné les éléments qui pouvaient fonctionner
avec notre musique, nous ne voulions pas choisir des voix étranges pour
leur seules singularités. Nous avons tenté de présenter
une sélection variée de langages, chacun avec sa propre identité.
La voix japonaise a été simplement choisie pour son caractère
phonétique et son élocution, son traitement et son intonation.
Biello Dumlo était important car il représente un langage
ancien en voie de disparition, qui risque d’être oublié,
par chance ce morceau servira de document et informera les gens sur son existence,
c’est un langage extrêmement beau.

Pouvez-vous
expliquer votre façon de travailler pour vos différents projets:
LES JUMEAUX, IN THE NURSERY, Optical Music Series ?

Nigel:
Il est très rafraîchissant d’alterner les projets que nous avons
organisé en dehors d’IN THE NURSERY. Entre autre choses cela nous permet
d’avoir un regard objectif sur notre travail. LES JUMEAUX est né d’un
intérêt pour la dance-music et de notre travail avec Andy Weatherall
(ndlr : SABRES 0F PARADISE …). La notion de projet parallèle a
été adoptée pour nous permettre de nous exprimer davantage
dans un style musical dérivé mais distinct de ce que nous faisions
avec IN THE NURSERY, cela nous permet d’être plus expérimentaux.

Le
dernier album et la tournée pour IN THE NURSERY ont été
très agréables, mais nous sommes actuellement absorbés
par la réalisation de notre troisième album de la série
Optical Music. Même si notre musique a toujours eu une composante filmique,
le déclic pour cette série remonte au début de 1996 alors
que nous discutions de la commission de « CALIGARI » avec
le Metro Cinema de Derby, par laquelle nous devions produire une bande sonore
d’accompagnement pour une projection unique du film. Après avoir passé
à peu près un mois à travailler sur le projet et l’avoir
en fin joué, nous avons décidé de faire paraître
la bande sonore sur CD ; cela a été le premier volet dans
la série Optical Music. La suite logique a été la recherche
d’autres films muets et finalement nous avons choisi « ASPHALT »,
un somptueux et subtil « thriller » qui est l’un des derniers
films expressionnistes issu d’Allemagne. Nous sommes actuellement au milieu
de la réalisation de notre troisième bande sonore de la série
Optical Music, sur un film russe de 1929 « THE MAN WITH A THE MOVIE
CAMERA » qui donnera lieu à une bande son et une représentation
en « surround sound ». La première et la sortie
de l’album sont prévues pour le mois de mars 1999.


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