Au
cœur du corps délictueux, entretien amer, plongée dans les
viscères du Groupe gothique français avec Chrys le bassiste, fondateur
du groupe avec Roma en 1992.Revenu sous le sobriquet de CORPUS, les quatre membres
se sont séparés avant la sortie officielle de leur dernier album
« SYN:DROM ». Cet album posthume devrait néanmoins
avoir un successeur même si l’effritement ne semble pas devoir s’arrêter ;
Chrys relèvera le défi le temps d’un album accompagné
de nouveaux musiciens. Les autres se sont dispersés avec plus ou moins
d’élégance, Roma (batterie de la précédente
formation) a pris du recul par rapport à la musique, les deux autres,
Sébastien et Jérôme (le chanteur et le guitariste) ont claqué
la porte. Jérôme (l’ancien guitariste) travaille actuellement
avec MLADA FRONTA, tandis que Sébastien devrait revenir sous peu avec
un projet sous le nom de KUTA. Retour sur la trop courte vie de CORPUS DELICTI.

 

Un
peu d’histoire…

Chrys :
C’est moi et Roma qui avons fait le groupe en 1992. On aimait BAUHAUS,
CHRISTIAN DEATH, tout ça, donc c’est clair qu’on avait envie
de faire du gothique. Ensuite on a trouvé des musiciens… Sébastien
aussi il était là-dedans : il avait les cheveux crêpés,
il était habillé tout en noir, c’était un fan de
CURE, DEAD CAN DANCE, CHRISTIAN DEATH, c’était un fan de gothique.

Tournées…

On
a tourné dans toute l’Europe : en Allemagne, en Suisse, en
Espagne, en Italie, en Belgique, en Angleterre et en France évidemment…
On a tourné aussi aux Etats-Unis. On y a fait neuf dates… Là-dessus
on a sorti pas mal d’albums – enfin, quatre -, on a participé
à je ne sais combien de compilations (en cassettes, ensuite en CD, puis
en vidéo).

Le
line-up de CORPUS DELICTI a toujours un peu évolué. Il y a eu
plusieurs guitaristes, et Sébastien était déjà le
deuxième chanteur…

Et
à partir de quand avez-vous commencé à évoluer vers
l’industriel ? Qu‘est ce qui a provoqué cette évolution
?
 

En
fait c’était pendant la tournée de l’album « OBSESSIONS »,
un album assez lent ; on était tous un peu « gavés »
de jouer ce type de musique. On a découvert d’autres sons en faisant
des rencontres avec des personnes qui nous ont amené à découvrir
autre chose… On avait envie d’un peu plus de violence. On s’ennuyait
un peu à faire de la musique gothique en fait, on avait fait le tour.
Et puis certaines personnes dans le groupe commençaient à ne plus
trop supporter le délire vestimentaire, les idées, tout ça…tous
les clichés… Tous ces trucs vampire-machin… C’est
vrai qu’il y a une évolution qui ne se fait pas naturellement dans
le gothique. Il y a des gens qui restent absolument sur leurs bases et qui ne
veulent absolument pas évoluer.

Comment
cela s’est-il passé au niveau des compositions avec CORPUS ?

En
fait, quand on a fait « SYN:DROM », il régnait
déjà une drôle d’ambiance dans le groupe. Le fait
que David soit venu jouer du clavier, n’a pas tellement plu au guitariste,
Jérôme, qui voulait plutôt se mettre lui au clavier, mais
nous on avait besoin d’une guitare (et c’était lui le guitariste).
En fait, il a un peu décroché de la composition de l’album,
il ne s’est plus tellement investi, et c’était plutôt
un poids qu’autre chose. Il est parti de lui-même après le
dernier concert qu’on ait fait à la MJC de ( Pau ? )… De toute
façon il était pas vraiment dans le trip indus…

Il
y a beaucoup de personnes qui croient que CORPUS, c’est vraiment fini,
pourtant…

Certaines
personnes qui sont parties, comme Seb (que j’ai à moitié
viré, et qui, de toute façon avait envie de partir de lui-même)
voudraient bien faire croire que le groupe est fini parce que ça les
arrange vachement, par rapport à leur ego ! Mais il faut savoir
que quand on les a fait rentrer dans Corpus, ils jouaient dans des petits groupes
de merde et de toute façon ils ne feront jamais rien après …

Pourquoi
CORPUS a fait tant de choses ? Parce qu’il y avait Roma, qui était
dictatoriale ; elle obligeait les gens à venir à l’heure
aux répétitions, à faire plein de choses, à se bouger
le cul… Le jour où il n’y a plus eu de discipline dans le
groupe, le jour où tout le monde a voulu ouvrir sa gueule, il ne s’est
plus rien passé, parce qu’il n’y avait plus moyen de faire
quoi que ce soit. Je suis absolument contre toute forme de démocratie
dans un groupe.

Sébastien
aurait un projet avec le guitariste ?

Oui,
enfin j’en ai strictement rien à foutre, ils peuvent faire ce qu’ils
veulent… De l’accordéon, du trip-hop intelligent (parce
qu’ils sont intelligents!… Il met de très beaux pantalons
en velours marron côtelé, très beau, ouais, et des gros
pulls…) Mais je n’ai pas de rancœur. Je suis très
content que se soit terminé. Là on déconne mais ça
s’est très mal terminé ! Mais c’est comme dans
un couple, ça se termine rarement bien. Je suis très content qu’ils
soient partis, parce qu’ils étaient plus devenus des poids qu’autre
chose. Tout ce qu’ils ont trouvé à faire c’est de
critiquer le label, mais personne ne s’est bougé mis à part
moi pour trouver un label, personne n’a rien fait. Il n’y toujours
eu que Roma et moi qui agissions. Seb s’est contenté de répondre
aux interviews en anglais parce qu’il était le seul à parler
couramment la langue, mais il a toujours trouvé le moyen de râler
parce que ça le faisait chier de répondre à des interviews.
A mon avis il doit un peu regretter actuellement puisqu’il en donne dans
Prémonition, on se demande pourquoi.

Mais
tu vas continuer ?

Tout
à fait .

A
quand le prochain album ?

Le
prochain album sera vachement plus « slick », plus crossover :
un peu entre DIE KRUPPS, RAMMSTEIN et FRONT LINE ASSEMBLY. Son électro
et guitare métal. Nous allons garder un côté métal.
Pour CORPUS, c’est simple : j’ai un contrat avec le label pour
un album encore. Si l’album ne marche pas, je pense qu’on arrêtera
de façon à ne pas se trimbaler le boulet CORPUS pendant des années.
Les gens nous suivront s’ils aiment notre musique.

Il
y a vachement de projets, je me suis associé avec des bourrins !
( Bob, chanteur, et Benjamin, guitariste).

Qu’est
ce que tu écoutes en ce moment ?

 

J’écoute
FRONT LINE, HAUJOBB, IMMINENT STARVATION, un peu de métal, à cause
du chanteur (rires !), de la techno, et surtout de l’indus, de l’indus
au sens large (du crossover), de l’indus pur et dur…

Quelle
est la formation actuelle de CORPUS ?

Je
vous présente le nouveau chanteur, Bob, et Benjamin, qui joue de la guitare
et du clavier. On n’est que trois parce que je pense que Roma est un petit
peu lassée de cette vie rock & roll, et là elle a plus envie
je pense, d’être mère au foyer, d’élever sa
(ses ?) fille(s). Elle en un peu marre en fait.

Et
vous pensez trouver un nouveau batteur ?

Non,
plus de batteur, on limite le personnel. En fait, je pense même, à
terme, arrêter CORPUS parce que j’ai un autre projet avec Benjamin.
On a fait un truc industriel qui m’éclate vraiment à fond,
mais il se trouve que je dois encore un disque à la maison de disques
et puis on avait finalement envie de faire un truc avec Bob, et ça rentrait
pas trop dans le concept de l’autre projet, qui s’appelle UNIT
PROJET. Je voulais moins mettre la voix en avant sur UNIT PROJET. Et bon, avec
Bob, je pense qu’on va faire un truc vraiment violent . Et de toute
façon Benjamin est branché métal, donc ça va tuer.

On
peut attendre quelque chose pour quand ?

Pas
avant janvier 1999.

Mais
bon c’est sûr que la page du gothique est tournée. Ca fait
deux ou trois ans déjà.

Sébastien
parlait de malaise…

Le
malaise il a toujours existé. Depuis le début.

Il
n’y a jamais eu une bonne ambiance ?

Il
n’y a jamais eu de bonne entente. Il y avait une entente de compromis,
un petit peu d’hypocrisie. Mais ça c’est le lot de tous les
groupes, tu peux prendre n’importe quelle interview de groupe amateur
ou ultra professionnel, tu lis les interviews, c’est toujours la même
ambiance : au départ, tu es un peu amis… En plus moi à
l’époque j’étais avec Roma, après on n’était
plus ensemble, ce qui n’est pas très facile comme situation, c’est
assez dur… Et ensuite il n’y avait plus une très bonne ambiance.
Et à la fin, il n’y avait plus que des relations vraiment professionnelles.
C’est à dire qu’on ne se voyait que pour jouer, répéter,
et pour les concerts. On se voyait très peu en dehors. De toutes manières
cela valait mieux, parce qu’au bout d’un moment on avait compris
que si on voulait éviter les engueulades, alors il fallait mieux que
l’on ne se voit que pour des raisons professionnelles. Mais le problème
c’est que quand tu ne te vois pas, c’est une très bonne solution
(c’est sûr que ça limite les engueulades), mais d’un
autre côté, tu n’arriveras pas à créer une
osmose dans le groupe. Chacun part de son côté, à moins
d’avoir un dictateur dans le groupe, et ce n’était pas le
cas. Je l’étais un peu au début, mais j’ai rapidement
perdu toute mon autorité.

Je
ne crois pas à la démocratie dans un groupe : c’est
impossible. Tout le monde commence à ouvrir sa gueule, et à chaque
fois que tu as une idée, un projet, tout le monde dit ce qu’il
pense, et tu n’avances pas ! Dès que tu en as un qui dit non
et bien tu ne fais rien.

Le
problème dans le groupe c’était Jérôme. C’était
un type qui ne voulait jamais rien faire. D’ailleurs, lors du dernier
concert, il était habillé en indien baba-cool. Insupportable.
Et là tu ne peux plus avancer.

Mais
aussi Seb, quelqu’un de très malléable avec ses amis. En
fait, je vais dire la vérité : on était entourés
par la gnangnanterie et les copinages de Sébastien, la belle attitude
je-m’en-foutiste de Jérôme, la schizophrénie éthylique
du clavier, la dictature… de Roma… et moi, angoissé perpétuellement,
à essayer de faire tampon et de donner une cohésion à ce
groupe… Et à la fin, au bout d’un moment, ça pète.
Tu ne peux plus tenir. Quand tu es en train de tirer les uns les autres, pour
qu’au minimum, il y ait une cohésion sur scène. Je ne demande
pas une dégaine à la MARYLIN MANSON, mais au moins qu’il
y ait une osmose sur scène, une force, une unité, quoi !
Les gens ne viennent pas voir le cirque Pinder ! Ils viennent voir un groupe,
une force. Si c’est pour voir le cirque Pinder, où tout le monde
est habillé n’importe comment… Si tu n’as pas de respect
pour les gens, il ne faut pas pleurer s’ils n’achètent pas
tes disques !

Attends,
tu n’as pas peur qu’il lise l’interview ? !

J’espère
qu’il la lira, l’interview ! Il saura au moins ce que je pense
de lui !

Sinon,
qu’est-ce que t’a apporté, CORPUS…le fait de tourner
avec le groupe… ?

En
fait, tous mes rêves d’adolescent se sont réalisés.
J’ai joué dans des endroits fantastiques, au Limelight de New-York
(une immense salle), dans une église. J’ai joué avec tous
les groupes que j’aimais, quasiment… DAS ICH… Oh, Je n’ai
jamais aimé DAS ICH, pourquoi je dis ça ? Sinon, ROSETTA
STONE, CHRISTIAN DEATH, Rozz WILLIAMS. Ca a été une super expérience,
mais au niveau des relations humaines, je n’en ai retiré que des
choses négatives. J’en suis arrivé à une certaine
position par rapport à l’être humain, plutôt consternante.
C’est pour ça qu’on n’est plus que trois. Je crois
que c’est jouable. Auparavant, on a été jusqu’à
cinq dans le groupe, en tournée on était entre six et sept, parce
qu’il y avait l’ingénieur du son et le roadie en plus. A
un certain moment, quand tu commences à réfléchir à
ce que tu vas dire pour éviter une engueulade, ça devient invivable.
C’est le lot de tous les groupes. C’est toujours des histoires d’ego,
de responsabilités. Quand les mecs vont à une répétition
comme à l’usine…Et bien à la fin, je n’avais
plus envie de faire quoi que ce soit.

Je
me souviens, quand même, que la tournée aux USA a été
une expérience fantastique, mais il y a certaines personnes qui n’ont
pas d’éducation, et quand tu passes 18 jours dans la même
chambre, sur scène, dans les loges, et qu’il n’y a personne
qui fait un minimum d’efforts pour vivre en communauté, c’est
quelque chose que je refuse de vivre encore une fois. J’ai fait le tampon
et je trouve fantastique qu’il n’y ait pas eu une seule engueulade
vraiment violente. Il y a eu quelques prises de bec, mais c’est normal,
tu ne peux pas rester confiné dans la même pièce avec la
même personne sans la détester au bout d’un moment.

Le
problème du départ de certains membres de CORPUS vient du fait
qu’il y avait des gens pour lesquels tout était totalement acquis.
Ils ne se rendaient pas compte du travail qu’il y avait encore à
faire. On n’était rien, on était juste au début,
on aurait pu faire beaucoup de choses, on a raté beaucoup de concerts
du fait de la séparation de CORPUS. Je leur en veux d’avoir craché
dans la soupe alors qu’on leur avait tout offert ; on leur a tout
donné. Si on a fait un disque, c’est parce que Roma et moi on s’est
bougé! Ok, ils ont chanté, ils ont joué de la guitare,
mais les musiciens c’est remplaçable. Tout le monde est remplaçable.
Même moi, je le suis. Je n’étais vraiment pas une bête
à la basse, mais j’ai composé pas mal de chansons. Le groupe
allait dans une certaine direction. Pour le dernier album, ne serait ce que
pour faire des photos importantes, il n’y avait pas moyen de se mettre
d’accord ! Je veux dire qu’il y avait le veto de certaines personnes
qui refusaient de faire des photos. Comment veux-tu avancer comme ça ?
C’est impossible ! Le premier chanteur de CORPUS s’est fait
virer, enfin… il est parti de lui-même. C’était un
mec qui s’appelait Emmanuel. Il a fait la première démo
avec nous. Lors du premier concert qu’on devait faire à l’étranger,
en Espagne, dans un lieu décoré par Dali, un truc vachement important,
il a refusé de chanter sous prétexte que les Espagnols étaient
des bœufs. Le mec est parti, j’étais content !

Tu
n’es pas un peu frustré de n’avoir pas tourné plus
avec CORPUS ?

Il
y avait une frustration énorme à la fin, parce que dès
que j’amenais une idée, et le problème de la démocratie
c’est ça, tout le monde disait ce qu’il en pensait, si bien
qu’on ne faisait rien. J’avais plein de projets. La seule solution
que j’ai trouvé (c’est moi qui ai amené cette idée) :
« Chacun va faire sa propre chanson. ». C’est la
chose que j’ai trouvée pour que chacun s’exprime. « Chacun
va composer sa propre chanson et réaliser son délire perso ».

Lors
de l’engueulade finale, j’ai dit : « puisqu’il
y a des gens qui partent, puisqu’il y a des gens qui sont virés,
leurs chansons persos n’apparaîtront pas sur l’album ».
On n’était plus que trois à l’époque, et tout
le monde a été d’accord. David, le clavier, s’est
fait virer par le chanteur, avec notre accord, il faut être honnête…
On a dit : « D’accord, mais son morceau n’apparaîtra
pas sur l’album. ». Ca a été ok. Pour Jérôme,
qui est parti de lui-même, un quart d’heure avant une réunion
importante du groupe, j’ai dit : « Ok, il s’en va
de lui-même, c’est encore pire, le morceau n’apparaîtra
pas ! ». « Oui, oui, d’accord pas de problème ! ».
Finalement le morceau est apparu quand même sur l’album ! J’ai
dit : « il n’est pas question de laisser passer un truc pareil ! ».
Ce qui a provoqué une prise de bec avec Sébastien, il n’a
rien voulu savoir. J’ai déclaré: « c’est
comme ça. », et il a répondu: « de toute
façon, moi, j’avais l’intention de partir. ».
Je lui ai rétorqué « Eh bien pars ! La porte est ouverte ! ».
C’est affreux ce que je vais dire, mais si tu veux quelque chose, il ne
faut pas avoir de pitié. C’est quand même grave d’en
arriver là ! Au début de CORPUS, il y avait une certaine
dictature, ce qui a permis de faire avancer les choses jusqu’à la tournée
aux Etats-Unis. Je ne connais aucun groupe niçois, voire même aucun
groupe français, qui y a fait autant de dates que nous… et pour
qui ça a marché comme ça. Il s’est trouvé
que les ventes n’ont jamais suivi. C’est le seul problème.
Malheureusement, si le dernier album ne se vend pas, c’est qu’on
n’a pas pu faire suffisamment de concerts (trois en Angleterre, et un
en France), ce n’était pas une tournée suffisante…

Même
les autres albums de CORPUS DELICTI, ça n’a jamais été
pour moi du gothique tellement traditionnel. Les gens nous ont toujours comparés
à BAUHAUS, alors que, malheureusement pour eux, on n’a jamais été
inspirés par BAUHAUS. C’est la voix, certainement. Musicalement,
c’est totalement SIOUXSIE & THE BANSHEES. Personne ne l’a jamais
remarqué, et c’est ça qui est monstrueux !Il y a certaines
chansons de CORPUS DELICTI où c’est des morceaux de SIOUXSIE avec
la basse à l’envers ! Personne ne s’en ait jamais rendu
compte, ne nous a jamais rien dit. On était complètement inspirés.
Moi, personnellement, vu que je composais 80%, dans les 70% sur la fin, des
morceaux, on était inspirés par SIOUXSIE, CHRISTIAN DEATH, mais
non, pas du tout par BAUHAUS.

Et
il est arrivé un moment où j’ai découvert d’autres
trucs, les autres aussi. On en avait marre de faire ça. On avait envie
de quelque chose de plus dur. Il se trouve qu’on était catalogués
« groupe gothique », donc c’est un peu chiant de
sortir de ce ghetto. Car c’est un ghetto. Mais je pense que je respecte
plus le public que d’autres personnes dans le groupe ; il y avait
des gens qui faisaient des kilomètres pour venir nous voir. Même
s’ils n’étaient pas des milliers, même s’ils
n’étaient qu’une dizaine à avoir fait 200 kilomètres
pour venir nous voir, je trouve qu’il y avait un respect a leur témoigner…Le
problème c’est que d’autres personnes dans le groupe ont
cru que c’était acquis, facile, ils avaient un peu la grosse tête.
Est ce qu’on peut se permettre de rejeter un fan juste parce qu’il
a demandé quel maquillage on utilisait ? C’est peut-être
une question ridicule, mais tu dois assumer, parce que cette personne elle achète
tes disques. Alors dans ces cas là, tu fermes ta gueule. Tu le respectes.
Quelque part elle t’idolâtre, et il faut avoir un certain respect
pour ces gens-là. Je suis certainement la personne à qui on a
demandé le moins d’autographes dans le groupe, et j’en ai
fait dix fois plus que n’importe qui dans ce groupe. C’était
le chanteur et le guitariste. basse, batterie, clavier, on arrivait largement
après. Et moi j’étais fier qu’on demande des autographes
au chanteur et au guitariste, parce que quelque part on reconnaissait notre
travail. Je sais que j’aurais aimé qu’il y ait des milliards
de gens qui demande des autographes au chanteur, parce que c’est mon travail
qu’il y avait derrière, et c’était grand ! Ca
voulait dire que ce qu’on faisait plaisait à beaucoup de gens.

Même
si le prochain album de CORPUS n’obtient pas de succès, et bien,
tant pis, ce sera le dernier, c’est tout ! Je ne vais pas pleurer
pendant des années. On a vécu de bonnes choses, des moins bonnes,
c’est ça être un groupe. Tu ne peux pas mélanger des
personnes de milieux différents. A la fin, sur les deux dernières
dates ça râlait parce qu’il y avait des galères, on
jouait dans des endroits un peu pourris… C’est ça le rock
& roll. N’importe qui aurait aimé vivre ce qu’on a vécu.

On
a jamais étés des amis et on le sera jamais.

Les
seuls liens qu’il y avait, c’était Roma et moi, et Seb, à
un moment… Les compromis n’allaient toujours que dans un sens.

Christophe
revient ensuite sur le processus de création des albums…

 

Je
regrette un peu la liberté d’expression musicale au niveau des
projets dans CORPUS. Cela aurait été différent si j’avais
pu contrôler plus durement certains titres (c’était peut-être
de ma faute parce que je n’étais pas là au mixage).Je n’ai
pas réussi à interdire certaines chansons et à en imposer
d’autres.

« OBSESSIONS »
est album que je critique le plus. Si j’avais été encore
en position de force à cette époque, la moitié de l’album
n’existerait pas, ça serait complètement différent.
J’ai laissé composer les autres dans un délire qui ne correspondait
pas à CORPUS DELICTI. Avant je me disais : « c’est
bien que les autres composent. ». En fait, c’eSt une erreur.
On ne peut pas dire qu’il y avait une mauvaise ambiance non plus, ce serait
mentir, mais il y avait une ambiance de « on dit » :
on savait qu’il y avait certaines choses qu’il ne fallait pas dire.
Ce qui a provoqué un peu le clash, dans le groupe, c’est que le
clavier, qui est arrivé en dernier, ne savait pas quand il devait fermer
sa gueule. Et quelque part il a été un peu la cause d’engueulades.
Il n’a pas su prendre les gens dans le groupe. « OBSESSIONS »
devait être un EP qui devait sortir avant un album. On avait signé
sur une grosse boite qui nous a imposé ça… Ils le vendaient
très cher, on ne pouvait pas le faire passer pour un EP.

Dans
le premier album, j’ai composé 90% des morceaux, dans le deuxième
60%, dans le troisième j’en ai composé 30, voir 20%. Je
trouve que dans « OBSESSIONS », il y a trop de liberté
accordée aux autres, il est trop diversifié. J’ai laissé
faire, et je trouve que c’est une erreur monstrueuse. Dans le deuxième,
Jérôme en a écrit un ou deux, c’était relativement
faible, le rapport. Je pense que je n’aurais jamais dû les laisser
composer autant. C’est certainement de ma faute. Il serait certainement
meilleur s’il était sorti beaucoup plus tard et si je n’avais
pas laissé le champs libre. J’ai fait une énorme erreur
dans ce groupe, à un moment je me suis reposé sur les autres :
« les autres bossent pour moi. ». Je me suis moins investi,
j’ai un peu regardé les autres bosser, c’était un
peu normal qu’ils bossent à leur tour, mais c’était
une erreur.

Maintenant
on est trois, je bosse avec Benjamin, on est tous les deux sur la même
longueur d’ondes, le problème ne se pose même pas, il n’y
a que nous deux. Le chanteur n’intervient que pour chanter. Il n’y
a même plus de basse, tout est sur informatique. Je ne sais pas comment
on va faire sur scène, en fait, je pense que je jouerais de la basse
saturée. Benjamin est hyper-technique, il amène des idées
de compositions, son savoir-faire au niveau informatique et clavier ; Moi
j’amène des trucs à sampler, je participe à la composition
et j’écris les textes…

Quant
à Roma je ne peux franchement rien lui reprocher au niveau de tout le
boulot qu’elle a fait, avant et après, c’est énorme…
Elle faisait aussi le fan-club… Au point de vue professionnel, je n’ai
absolument rien à lui reprocher. Humainement, c’est beaucoup plus
dur, car c’est une fille pas facile à vivre, c’est quelqu’un
qui a un très fort caractère… Mais bon.

Franck,
le premier guitariste, a fait le premier album ; mais alors qu’on
avait un concert à faire à Grenoble, il a préféré
partir en vacances. Benjamin nous a dépannés ce soir là,
il a appris les morceaux en deux répétitions.

Justement,
toi, Benjamin, as-tu joué dans d’autres groupes ?

J’ai
eu divers groupes, un peu de tout et n’importe quoi, ce n’est pas
très intéressant d’en parler en fait. J’ai écouté
pas mal de goth, il y a très longtemps, pas mal d’indus…J’ai
vraiment écouté beaucoup de choses…

Le
groupe vraiment sérieux, c’est un groupe avec lequel je suis depuis
1994, plutôt métal…J’ai déjà sorti un disque,
et un autre sortira d’ici peu. J’aime bien le power-métal,
les groupes aux influences gothique-métaL : TYPE O NEGATIVE, des
trucs comme FEAR FACTORY ou carrément indus-métal comme DIE
KRUPPS. J’ai un autre projet sérieux où je suis tout seul,
ça s’appelle GODKILLER (ou  CUTKILLER ?) (rires). Sinon
aujourd’hui il y a CORPUS (plutôt crossover) et UNIT PROJET (plus
indus).


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