Peux-tu
nous raconter ton évolution dans le domaine de la musique, en tant qu’auditeur
et en tant que musicien ?
OLIVIER:
Que ce soit conscient ou non, bien souvent l’auditeur et le musicien sont
étroitement liés. Cependant il y 12 ans lorsque je découvrais
des formations comme AND ALSO THE TREES ou DEAD CAN DANCE, les LEGENDARY PINK
DOTS et tous ces artistes qui ont formé mon oreille musicale actuelle;
je crois alors qu’à ce moment là ma vie intérieure
commença. Aujourd’hui l’auditeur passionné que je suis a
donné naissance à une nouvelle espèce de « musicien ».
Personnellement je préfère les termes de mélodiste, arrangeur
ou encore expérimentateur…tout se passe au feeling et à l’oreille
avec une volonté de creuser ou non ce qui arrive au bout des doigts.
Pour répondre en une phrase à cette question, je dirais que le
musicien évolue en fonction de ce que vit l’auditeur.
Quelles
sont les différences fondamentales entre ton travail avec CEL! et celui
pour ORPHAN (méthodes de travail, thématique…) ?
Pour
ORPHAN, nous sommes deux et même si nous « composons »
souvent chacun de notre côté, nous pensons l’un à
l’autre en travaillant; il y a bien souvent la volonté que le travail
de l’un plaise à l’autre. Ces derniers temps nous avons travaillé
plusieurs fois ensemble, essayant de construire à deux un morceau de
A à Z, et c’est plutôt intéressant. Personnellement, je
dirais que le travail avec ORPHAN vient plus du coeur, il y a beaucoup de sentiments
et de sensibilité et puis la mélodie et les arrangements sont
primordiaux. Pour CEL!, je suis seul et j’expérimente, c’est plus cérébral
et les sonorités priment sur les mélodies. Je pars en fait souvent
d’un son ou d’une atmosphère pour un thème de CEL!. Ce fut
en tous cas ma façon de procéder pour « THE LAST CORROSION »,
pour le futur on verra…
Est-ce
que ton environnement influence la musique que tu composes ?
Il
n’y a quasiment que mon environnement qui influence ma musique. En dehors de
ma personnalité avec ses caractéristiques propres, je suis très
sensible à toutes les personnes, choses et endroits qui m’entourent.
Moins je vis intensément, moins je compose c’est comme si j’étais
en manque de nourriture. Pour raconter des choses, il faut les vivre. Les moments
de la vie également sont propices ou non à telle ou telle création…
C’est ainsi sans doute pour tous ceux qui créent.
Il
y a-t-il une volonté consciente derrière la forme d’hermétisme
onirique de tes compositions, on pense parfois à SOMEWHERE IN EUROPE,
THE LEGENDARY PINK DOTS ou COIL (pour les aspects expérimentaux) ?
La
musique en ce qui me concerne ne peut pas être totalement consciente,
cependant dans le cas de CEL!, je voulais quelque chose de clos, d’étouffant
et puis lorsque se sont achevés les enregistrements de « THE
LAST CORROSION », j’étais depuis quelque temps dans
une période un peu pénible de la vie comme nous avons et aurons
tous encore à en traverser. J’ai seulement un peu noirci le tableau
d’une triste réalité, celle d’une société
et d’un monde à la dérive. Il y a deux façons de
voir le monde et je pense que ma vision du monde à l’époque de
« THE LAST CORROSION » est évidente. Je sais voir
et me nourrir également de la face positive du monde car il faut aussi
savoir trouver et exploiter sa beauté. Heureusement ! Concernant les
formations que tu cites, j’en dirai juste quelques mots. Je n’aime en
aucun point SOMEWHERE IN EUROPE que je trouve absolument sans saveur et non
inspiré. COIL par certains aspects a été il y a des années
une formation intéressante au niveau de l’atmosphère dégagée.
Quant à THE LEGENDARY PINK DOTS, ils baignent mon environnement musical
depuis dix ans et c’est vraiment un groupe pilier pour moi. Il faut les voir
sur scène, c’est un régal et Edward est un magicien, nous sommes
en contact par courrier depuis des années et je vais sans doute lui envoyer
une copie de « THE LAST CORROSION » très bientôt.
Alors en citant THE LEGENDARY PINK DOTS tu me fais un sacré compliment
et un grand honneur.
Envisages-tu
un support visuel ou des formes d’expression combinant plusieurs domaines
artistiques ?
Pour
le moment aucun support visuel n’est prévu à proprement
parlé. En tous les cas à mon niveau, il n’est pour le moment
pas question que je m’occupe de ce genre de choses. Non pas que cela ne
m’intéresse pas mais je n’en suis simplement pas capable.
Cependant pour CEL! dès le départ j’avais pensé proposer
les compositions à des vidéastes amateurs ou professionnels à
condition que l’atmosphère dégagée les inspire vraiment.
Si un vidéaste est intéressé par un tel projet, qu’il
me contacte. Gilles (Dobos) étant qualifié pour ce type de choses,
il m’a montré des travaux très intéressant, fera
peut-être un jour s’il le désire quelque chose dans cette voie.
Pour ORPHAN, nous avons toujours voulu composer une grande pièce instrumentale
que nous pourrions proposer à un chorégraphe ou à une troupe
de danseurs. Je pense que nous le ferons un jour. De toute façon nous
restons ouverts à toutes propositions ; si quelqu’un à une
idée …?!
Quelles
sont pour toi les références musicales incontournables ?
C’est
toujours difficile de répondre à ce genre de questions et puis
les choses bougent, les gens et les groupes évoluent. Comment réduire
à quelques noms, le paysage musical si vaste qui constitue mon environnement
direct. Je pense qu’il n’y a rien d’incontournable dans un
monde sans frontière comme celui de la musique. Je peux te donner dix
noms et en oublier cent ; mais je ne crois pas que ce soit une bonne façon
de répondre à cette question. Plus on écoute de musiques
venues d’univers différents et plus on est riche intérieurement
et ouvert sur le monde. Aujourd’hui l’ouverture d’esprit est à
mon avis une qualité en or parce qu’il en découle la connaissance
et la tolérance de soi et des autres.
Quand
penses-tu passer au stade du CD ?
Avec
CEL!, je ne sais pas car ce projet est un peu comme un enfant imprévisible
et capricieux. Cela peut être rapide ou au contraire traîner en
longueur. Je pense qu’il y aura autre chose sous le nom de CEL! car j’ai
eu quelques nouvelles idées mais c’est trop neuf. Je retravaillerai
peut-être des morceaux de « THE LAST CORROSION »
qui sortiront sur CD fin 99, mais là franchement c’ est pour le moment
l’inconnu. Je te dis cela car je pense focaliser toute mon énergie
sur ORPHAN cette année. Nous avons décidé avec Gilles de
travailler sur de nouveaux morceaux et de proposer en fin d’année un
mCD regroupant entre deux et cinq titres pour enfin finaliser nos idées.
Deux sont quasiment finis dont un chanté. Il est temps je crois de donner
une suite plus évoluée et travaillée à la cassette
« LE RETOUR DE L’ANGE » qui date de 1997.
Quelles
ont été les réactions face à vos activités
en France et à l’étranger ?
C’est
amusant, mais en France c’est essentiellement la presse écrite
du genre fanzine et petite revue indépendante qui a réagit plutôt
positivement d’ailleurs, surtout au niveau d’ORPHAN. Nous avons
eu à l’étranger de bons échos radios, particulièrement
en Belgique ou la mentalité est différente. J’ai parfois
l’impression que les belges sont plus profonds dans leurs rapports avec les
autres. Enfin, quelques labels semblent intéressés d’entendre
la suite. Mais à notre échelle de petite formation il est très
difficile de mesurer ce genre de chose car c’est beaucoup trop confidentiel.
Quels
sont les projets pour 1999 ?
Apprendre
à me servir du nouveau matériel. Composer et enregistrer pour
ORPHAN. Ecrire des textes et en chanter certains. Poursuivre mes bidouillages
pour CEL! afin de les concrétiser et de les proposer dans un futur plus
ou moins proche. Concrétiser le projet de mCD pour ORPHAN et le proposer
pour l’automne 99 et puis vous faire tous virevolter d’un sentiment à
l’autre à travers nos musiques…ce serait le bonheur ..
Que
signifie CEL! ?
Disons
que cela vient de loin, de mon passé et si cela ne te gêne pas
trop je préfère le garder pour moi…c’est trop personnel…merci.
0 commentaire