Venus Fly Trap (décembre 1998)

Amour
obscur hors-limites.

« The
VENUS FLY TRAP are the flowering of a nasty sort of Northampton dream. »,
cet extrait d’un texte de l’iconoclaste pop subversif THE JAZZ BUTCHER
(alias Pat Fish…) en guise de présentation pour leur album « TOTEM »
réussit à cerner l’un des aspects de l’état
d’esprit de ces insaisissables anglais. A la fois psyche-batcave, gothique
et pop-torturée, la musique du groupe d’Alex Novak refuse de rester
figée ; multiforme, libre et acide elle a la saveur unique et renversante
des pâtisseries-maison alliée à un indéfectible parfum
de crypte.

Un
peu d’histoire, pourrais-tu nous raconter l’évolution de
VENUS FLY TRAP des débuts à aujourd’hui ?

Alex
Novak : J’ai formé VENUS FLY TRAP après avoir quitté
ATTRITION avec qui j’avais réalisé l’album « SMILING
AT THE HYPOGONDER CLUB » à la fin des années quatre-vingts.
La composition du groupe a toujours été en constante évolution
depuis le début.

La
façon dont nous avons travaillé sur le dernier album (avec l’aide
de Martin Bowes d’ATTRITION) va nous contraindre à utiliser des
bandes lors des concerts en plus du line-up actuel : Alex Novak (chant)
et Gary Lennon (guitare – qui a participé à l’album « LUNA
TIDE »). Cette formation sera peut-être complétée
dans le futur.

Depuis
nos débuts, nous avons flirté avec l’électronique
(nous utilisions déjà une boite à rythmes), mais musicalement
nous avons évolué d’un genre à un autre, c’est
pourquoi il est si difficile de cerner notre musique, de lui apposer un genre
défini.

A
la fin des années quatre-vingts, un label-distributeur français
dynamique, DANCETERIA, nous a fait découvrir votre musique. A cette époque,
la scène new-wave/gothique était en totale déshérence
en France ; c’était juste avant l’assaut de la « darkwave »
allemande. Que penses-tu de cette période ?

Alex :
Nous avons été très productifs avec DANCETERIA (je ne connais
pas leur sort depuis leur banqueroute…), ils ont édité trois
de nos albums « MARS », « TOTEM »
et « PANDORA’S BOX », je ne sais pas s’ils
sont toujours disponibles (ndlr : hélas non) ?

A
cette époque, leurs productions étaient très variées
de THE GRIEF à POLLEN en passant par les PASTELS, des genres très
différents ! Mais je pense, que la France était alors comme
l’Angleterre, avec une presse musicale plus intéressée par
la musique « indie ». Mais nous n’avons jamais été
intéressés par ces modes ; les modes passent et seule la
bonne musique reste !

La
scène allemande a toujours été forte, cela étant
dû pour une bonne part au fait qu’il y a là-bas une grande
quantité de magazines, de labels et de clubs qui supportent cette vaste
scène musicale. Mais comme tu le sais, l’intérêt va
et vient ; les choses étant bien plus positives depuis l’avènement
de groupes comme MARYLIN MANSON.

Mon
but principal est de produire de la bonne musique, même si c‘est
agréable de recevoir des louanges et de l’attention ; la motivation
centrale étant de créer quelque chose de nouveau et d’intéressant,
de repousser les limites !

Nous
avons suscité un grand engouement en France à une certaine époque
mais cela s’est ralenti, affaibli puis éffondré, mais il
y a toujours d’autres pays qui prennent le relais pour un moment, c’est
la nature du monde de la musique.

Quels
sont vos influences musicales (anciennes ou nouvelles) ?

Alex :
Je crois que ce qui m’a motivé et m’a poussé à
faire de la musique a été la mouvance punk/newwave/postpunk, une
scène très intéressante et très créative,
une période très productive musicalement. Mais, j’écoute
un éventail très large de musiques, sans limites concernant des
périodes ou des genres, si cela me touche j’aime ! Les influences
sur VENUS FLY TRAP sont indirectes, les multiples membres apportant leurs propres
idées ; ce qui je l’espère nous a permis de proposer
quelque chose d’original.

Que
penses-tu des productions sans esprit de nombreuses productions techno (pas
de voix, pas de structure en tant que morceau, ni de véritables textures
sonores industrielles ou atmosphériques, seulement un genre de -musique
pour réclames- béante et morte) ?

Disons
que je n’en pense pas beaucoup de bien. Je fuis la plupart des productions
« techno », ce n’est pas une musique en relation
avec la société, c’est pour les cerveaux morts des masses
uniformes qui ont besoin de vider leurs crânes pour ne pas penser, c’est
une évasion, un amoindrissement de sens, quelque chose de vain, un néant
inutile ! ! !

Quels
vont être vos futures orientations musicales ?

Alex :
Comme je le disais précédemment, nous allons utiliser plus d’électronique
dans le futur (dans le sens le plus large du terme), expérimentant, repoussant
nos limites musicales. Nous espérons poursuivre notre collaboration avec
Martin Bowes comme producteur… Nous verrons bien.

Très
souvent votre musique est teintée de psychédélisme, comment
expliques-tu cet étrange mariage entre gothique et psychédélisme ?

Alex :
Nous avons toujours eu un aspect psyché sombre, qui se rapporte, je crois,
à la scène gothique en général ; mais nous
y avons mêlé de nombreux autres éléments et colorations.
J’aime l’idée de « dark psychedelia »,
explorer la face sombre des émotions, un mélange de Dracula et
de Freud !

Peux-tu
nous parler de tes autres activités : BIZARRE… ?

Alex :
En ce moment, je m’attache à finir le numéro 10 de BIZARRE,
c’est un fanzine musical qui est accompagné d’une compilation
( sous forme de cassette audio). C’est une bonne façon de faire
découvrir la musique que j’apprécie et d’avoir de
nouveaux contacts… J’espère que BIZARRE 9 et 10 seront sur le
net en compagnie du site VENUS FLY TRAP dans peu de temps.

Une
autre de mes activités concerne les projets musicaux NOVA STATE CONSPIRACY/NOVA
GALAXIE ROBOTNIK. Mai je suis également photographe, certaines de mes
photos apparaissent dans le livret de « DARK AMOUR ».

Envisagez-vous
des collaborations avec des voix féminines (Julia d’ATTRITION par
exemple…), des duos vocaux (à la manière de Gitane Demone /
Rozz Williams sur « DREAM HOME HEARTACHE ») ?

Alex :
Je suis ouvert à toutes idées et propositions, celle-ci pourrait
être réalisée relativement facilement, nous verrons dans
le futur !

Quels
sont les projets de VENUS FLY TRAP ?

Alex :
Nous devrions tourner pendant l’automne. Il y aura également un
CD « best of » intitulé « METAMORPHOSIS »
qui paraîtra sur SOUNDBUSTER avant la fin de l’année.

Nous
espérons avoir une meilleure distribution en France et pourquoi pas quelques
concerts !